FESTIVAL DE SAINT-CÉRÉ – RENCONTRES

 

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Olivier DESBORDES, directeur du Festival

 

Olivier Desbordes

Le festival de Saint-Céré baigne dans une atmosphère surprenante de convivialité et de générosité qui frappe dès les premiers instants.

On a l'impression d'une famille heureuse de se retrouver, artistes et public confondus, autour de celui qui en incarne indéniablement l'âme, son directeur Olivier Desbordes.

J'étais donc curieuse de rencontrer l'homme capable de susciter un tel engouement et ce depuis pratiquement trente-cinq ans.

L'entretien confirme cette alchimie particulière qui s'est indéniablement instaurée entre une personnalité attachante, un lieu qui respire la douceur de vivre et des vacanciers festivaliers heureux.

Le hasard fait revenir en 67 à Saint-Céré berceau de la famille maternelle, le tout jeune alors Olivier Desbordes né à Paris.

Il s'y donne un festival de musique classique qui sera une révélation pour lui qui se destinait plutôt à la mise en scène théâtrale avec des études au Cours Simon. « J'ai eu ma révélation comme Claudel à Notre Dame ou Poulenc à Rocamadour » plaisante-t-il.

Deuxième choc, en 1975, un opéra, le premier, qu'il découvre toujours à Saint-Céré.

« J'avais étudié la sémantique, qui m'avait fait douter du langage et de sa capacité à communiquer. Et là je me rends compte que la musique donne aux mots une dimension qu'ils n'ont pas habituellement, pas de double-sens, pas de manipulation possibles ».

En 81, il reprend donc le festival de Saint-Céré qu'il gère au début depuis Paris où il travaille notamment au Palace.

En 85, il s'installe définitivement à Saint-Céré, c'est l'époque de la décentralisation culturelle, la Région qui s'intéresse à ce qu'il fait lui demande de créer une structure. Ce sera l'Opéra- éclaté.

Avec cette idée d'aller vers les gens, de leur faire partager cette émotion qu'il avait lui-même ressentie, lui qui n'avait jamais franchi le seuil d'un opéra.

« C'est un travail artisanal, viscéral, qui fonctionne sur l'empathie, la générosité. J'aime transmettre aux autres. Pas de plan de carrière, mais  travailler pour un public où connaisseurs et néophytes se rencontrent. Avec des gens qui ont simplement envie de passer un bon moment. Je n'ai pas de stratégie, je travaille à vue, J'essaie, j'explore, je respire le public, l'air du temps. Il faut savoir s'adapter, tenir compte du vivant. Et se surprendre soi-même pour surprendre le public. »

Lui qui sait être à l'écoute, l'est aussi du monde. Et n'est guère optimiste.

« On répétait Cabaret pendant les élections européennes ; ça faisait froid dans le dos »

Tellement de similitudes avec notre époque. Rejeter la faute sur l'autre quand tout va mal, chercher des boucs émissaires.

«Voyez le pacte de compétitivité. La République de Weimar en 1930 a voté la suppression des aides sociales pour créer des emplois. On sait ce qui a suivi.  Mais il faut continuer d'avancer, surtout pas se rétracter par peur. Même si on sait bien que la culture n'a pas pouvoir politique.  »

Autour de lui, une troupe de fidèles et des nouveaux qui complètent au fil des ans.

« C'est important de travailler avec un noyau dur, des piliers qui emmènent les autres.»

Les années passent et son souci maintenant c'est d'assurer la transmission. Il va prendre une personne pour l'aider.

« J'aimerais bien ne plus être qu'artiste, laisser la partie gestion, administration à d'autres. »

En attendant, les projets tournent encore dans sa tête, qu'il affinera d'après les réactions du public. À l'écoute, toujours. Une nouvelle salle va voir le jour avec la rénovation de l'Usine.

« Il y a un avenir, il faut le mettre sur les rails. »

Nicole Bourbon

 

 

Éric VIGNAU

Éric Vignau

Parmi les membres fidèles d'Opéra éclaté,  un des « piliers » est indéniablement Éric Vignau.

Il arrive, décontracté, c'est son jour de repos après une semaine éprouvante, un air éminemment sympathique se dégage de toute sa personne.

Pour lui, l'aventure a démarré dans les années 86/87.

Avec une belle voix de ténor, il aimait chanter cantates et oratorio, mais  il ne s'imaginait pas sur scène, seule la musique l'intéressait.

Le destin lui fait rencontrer des amis qui montent un spectacle amateur et l'entraînent à leur suite. Ils vont emprunter des costumes à la troupe d'Opéra-éclaté. Le chef de chœur vient les voir, remarque Éric, lui fait passer une audition. Comme après cette première expérience il a pris goût à la scène, il est prêt.

Pendant cinq ans il participera aux chœurs, jouera de petits rôles.

Puis il a envie d'autres choses, voir surtout s'il était vraiment capable de gagner sa vie comme artiste. Il part à Paris, revient à ses amours premières, retrouve l'univers de la musique baroque.

Il doit chanter le Requiem de Mozart à la salle Pleyel. Olivier Desbordes qui le suit, vient le voir. Il a dans l'idée de jouer le Requiem à Saint-Céré et le lui propose.

L'aventure Saint-Céroise reprend, coupée d'allers-retours car ce géant débonnaire a des fourmis dans les jambes et des envies d'ailleurs.

Mais il aime toujours  revenir à Saint-Céré.

« J'aime cet esprit saltimbanque, ici pas de calibrage, pas de souci carriériste. Et je suis heureux de retrouver les autres artistes. Et les tournées. Partir sur les routes ».

Le public aussi revient, on le connaît, « Les gens me rencontrent et me disent ce qu'ils ont aimé. Ou pas. »

Il a acheté une maison à dix kilomètres dans un petit village où les habitants n'étaient jamais venus au Festival.

« Maintenant que je suis des leurs, ils ont affrété un car pour venir me voir jouer ! »

Mais ce qu'il aime avant tout c'est sa tranquillité, n'a pas envie d'être une vedette.

« Ce qui compte c'est le plaisir de jouer. Ici on a la capacité d'emporter les gens dans notre propre fantaisie. Rien n'est figé, on travaille en équipe. »

Il ne se projette pas dans les rôles de premier plan, trop de pression.  « Je mène mon chemin à moi. Ce qui compte c'est de prendre plaisir à ce qu'on fait. » La voix de la sagesse.

« Je trouve que les rôles de deuxième plan me sont plus appropriés. Je suis d'ailleurs toujours surpris qu'on pense à moi pour un rôle. »

Une modestie qui surprend car on a pu le voir à l'œuvre cet été dans rien moins que trois œuvres différentes, Arturo dans Lucia de Lammermoor, Microscope dans Le voyage sur la lune et en tant qu'un des quatre solistes dans le Requiem de Mozart, tous remarquablement interprétés.

Pour l'avenir, le revoilà sur les routes, une agence anglaise s'occupe de lui, il va jouer à Nantes, Nancy, Angers, Marseille, Les mamelles de Tirésias, L'aiglon et d'autres encore.

D'autres aventures, d'autres rencontres. Sa vie.

En attendant de le retrouver sans doute l'été prochain à Saint-Céré.

Nicole Bourbon

 

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