TRENTE TRENTE
Les 16èmes rencontres de la forme courte en Aquitaine, direction artistique Jean-Luc Terrade
Différents lieux à Bordeaux et en Nouvelle-Aquitaine
Du 18 au 31 janvier
Du 18 au 31 janvier, le festival Trente Trente propose un regard curieux sur les formes courtes, hybrides et pluridisciplinaires. Il convie le public à la découverte d’artistes émergents qui bousculent et réinventent le paysage des arts vivants. Bordeaux et la Nouvelle-Aquitaine accueillent ainsi trente-deux équipes artistiques nationales et internationales à découvrir dans les domaines de la danse, de la performance, de la musique, du cirque, du théâtre, du cinéma.
Le titre « Trente Trente » vient au départ de l’amplitude des spectacles susceptibles de durer de 30 secondes (cas d’école réellement vécu dans les éditions passées) jusqu’à des formes durant 30 mn (et un peu au-delà cette saison).
Le programme vu le samedi 26 janvier
De la performance-installation de DOGS, à la performance chorégraphiée de À CEUX QU’ON FOULE AUX PIEDS, en passant par les danses totalement diverses de PODE SER, de RUMINANT RUMINANT, de FARCI.E et la performance sonore et corporelle de POINGS LIÉS, le festival a offert en une seule demi-journée un éventail passionnant de l’inventivité et de la multiplicité des expressions artistiques actuelles.
DOGS
Julien Herrault Performance / Installation - 2018- France (Paris) - 40 Minutes
Invités à entourer un espace vide, nous spectateurs nous installons dans la demi-pénombre. Certains s’assoient au sol, d’autres restent debout. Sur un des bords, un plateau à roulettes supporte des piles de carrés stratifiés blanc et noirs. Toute l’installation se fait en direct. Un à un, Julien Herrault dispose les carrés en un large damier. Figure mathématique comme un écheveau de lignes que vient briser le corps de Marcos Arriola, allongé. Elément après élément, matières inertes ou vivantes vont s’ajouter au tableau pour former l’image d’un drame. Julien Herrault reconstruit en bribe à bribe le souvenir d’une image marquant de son passé. De son enfance. Il interroge la mémoire, la rémanence d’un choc visuel. Celui d’un accident aperçu dans l’éclat d’une vitre restée incrustée à l’inconscient comme vision inaltérable. Une reconstitution qui fait basculer le spectateur en étrange voyeur fasciné par l’effroi, la mort.
Conception et réalisation Julien Herrault, assisté de Muriel Bourdeau
Performeurs Marcos Arriola et Julien Herrault
Vidéo Muriel Bourdeau et Julien Herrault
Musique come into The Garden (nick drake) - They’re Leaving me behind (nick drake) – Time Piece (nick drake)
RUMINANT RUMINANT
Brice Noeser Danse & Théâtre - 2014- Canada- 35 Minutes
Autant de mots que de corps pour ce spectacle à l’opposé du précédent. Plongé tout entier dans la distance, l’ironie, la fiction. Les deux créateurs de ce duo qui allie danse, théâtre, chant partent pourtant du réel, et du mot, du verbe, du sens des mots et de la parole pour la décortiquer, de la langue et du corps, en faire des stratagèmes, des pirouettes, alternant flexions et inflexions. La danse et le corps sont eux aussi tour à tour ellipses, paraboles et césures tandis que les langues et les mots s’enlacent, s’enchevêtrent et dansent.
Création et Interprétation Brice Noeser, Karina Iraola
Assistance chorégraphique Catherine Tardif
Direction technique et création lumières Sylvie Nobert
Assistance Sonore Michel F. Côté Conception Accessoires Annie Gélinas Captation Vidéos Et Photos Sonya Stefan
POINGS LIÉS RING & Modulation 1
Eddie Ladoire Performance Sonore & Corporelle - Création - France - 25 Min
C’est cette fois une exploration entre sport et spectacle. Une nouvelle fois, les spectateurs sont invités à former dans un espace vide, un cercle. Ce seront nos corps qui seront les limites du ring. Sur le ring un arbitre, deux boxers en tenue, deux soigneurs posés sur les chaises de coin, même dans cette absence de coins. Combat en cinq rounds. Un vrai combat qui se déroule à quelques centimètres au point que les cordes de nos corps sont parfois repoussées par les boxeurs en de sporadiques ondulations. Un combat surdimensionné par les micros intégrés aux casques et poings. Mixés en direct avec la musique, ils inondent l’espace et rendent compte de la violence et de la démesure. D’étranges sensations parcourent les nerfs au vu de cette réalité perturbante.
Conception, réalisation Eddie Ladoire
Musique Duo Baron Oufo Boxe, CAM,
Entraineur Augustin Etekpo
PODE SER
Leïla Ka Danse - 2018 - France (Paris) - 17 Minutes
Solo de danse. Une douche de lumière dessine une silhouette aux allures de femme. Tour à tour animale et humaine. Les mains liées au torse comme la contrainte faite à un corps par un esprit ou le contraire, à un esprit par un corps. Un corps qui s’exprime soudain comme si une énergie fulgurante, indomptable surgissait du ventre du dos, de l’intérieur. En vagues, en saccades. Tandis que déferle dans l’espace le poignant 2ème trio de Schubert. Puis c’est la rupture. Le choc. Le corps se syncope encore plus sous l’assaut de sons techno. Déclanchement de figures hip-hop qui segmentent l’esthétique convenu, entendu de la danseuse, de sa robe, de sa féminité. Dans cette intense et puissante chorégraphie, Laïla Ka exprime un intime, un vécu où la violence des choix et des accidents s’expriment avec force, conviction et beauté.
Chorégraphie et interprétation Leïla Ka
Création lumières Laurent Fallot
À CEUX QU’ON FOULE AUX PIEDS
Dies Irae - Vita Nova Danse - Rock - Création France (Bordeaux) - 6 Minutes
Autre lieu, autre espace pour cette performance entre poésie clamée et danse. Sur un texte de Victor Hugo tiré de l’année 1871, la commune de Paris. Forte harangue aux puissants de l’époque qui préférèrent massacrer le peuple de Paris plutôt que de l’écouter, qui rappelle l’époque dans laquelle nous vivons où ceux qui sont sensés représenter la volonté des électeurs semblent ne pas comprendre les mots de ceux qui les ont élus. Une mise en espace double pour ce texte clamé au micro par Matthieu Boisset tandis que Léa Cornetti à ses côtés en exprime la violence dans son corps par des convulsions et tremblements. Un côté abrupt et monolithique qui laisse hélas un peu froid.
Voix Matthieu Boisset
Danse Léa Cornetti
FARCI.E
Sorour Darabi Performance - 2016 - Iran/France - 40 Minutes
Un personnage. Certainement une conférence comme l’indique une table, une chaise, une bouteille d’eau et une pile de feuillets en avant scène de cet immense plateau. Si profond. Du fond duquel apparaît ce qui semble être notre conférencier. Qui s’avance comme un girafon à peine né avance ses jambes maladroites et désobéissantes. Sa tête aussi est ailleurs. Les traits agités par l’effort. La perte de concentration. L’inattention et l’excuse. De cette conférence, il ne sortira que deux mots et l’image de ce personnage étrange, au corps et à l’esprit indisciplinés. Personnage comique, haut en couleur, que Sorour Darabi mime plus qu’il ne chorégraphie puisque l’expression du sens, du geste prime ici sur le rêve. Un spectacle étonnant et drôle qui parle de l’indicible mais qui est, c’est dommage, abîmé par le côté répétitif des expressions et du jeu. Un répétitif qui donne une impression de longueur et vient ternir le magnifique travail d’interprétation développé ici.
Conception, chorégraphie et interprétation Sorour Darabi
Création lumière Yannick Fouassier
Régisseur lumière Jean-Marc Ségalen
Regard extérieur Mathieu Bouvier
Renseignements et suite du programme 2019 http://www.trentetrente.com/
Mis en ligne le 28 janvier 2019