au Théâtre Jean Vilar
155 rue de Bologne
34080 Montpellier)
les 27 et 28 janvier 2011
Le théâtre Jean Vilar nous propose chaque année une programmation aussi éclectique que cohérente. Il nous le prouve une fois encore avec Tatouages d'Alfredo Arias, une pièce de théâtre baroque. Cette forme dramatique n'étant pas, malheureusement, une des plus répandues, ce lieu de représentation nous invite à sortir un peu des courants auxquels nous sommes habitués en tant que spectateurs. Pour changer, cela change. D'une manière brute, radicale
Tant et si bien qu'à
la sortie, on est bouche bée. On cherche en vain les critères habituels auxquels on pourrait s'accrocher pour forger son opinion. Cela n'en fait pas pour autant un spectacle à éviter, bien au contraire.
Ce spectacle de théâtre musical sent le travail forcené et intense à plein nez. Même si on peut avoir de gros doutes vis à vis de la mise en scène, on n'en tient finalement pas rigueur au vue de la direction d'acteur menée avec succès. La doxa sait bien qu'on a beau être le meilleur maçon du monde, sans les bons outils, on ne pourra rien construire de solide. Mais, dans le cas présent, les acteurs sont plus que de très bons outils. Malgré leurs accents espagnols
tellement prononcés que parfois on passe à coté de certaines répliques, ils possèdent tous un vrai talent d'acteur et de vraies capacités vocales nécessaires à la bonne tenue de cette pièce.
La drôlerie de cette pièce n'est pas à prouver. Il suffit d'assister à une seule représentation ou d'observer la bonne humeur et l'énergie des spectateurs à la sortie pour s'en convaincre. On rit de bon cœur aussi bien lors de passages joués que lors de scènes chantées. Certes, l'humour n'est pas très fin et assez cru mais cela ne nous fait en rien bouder notre plaisir. Cependant, restreindre cette pièce à une succession de bons mots ne serait pas réaliste. Pour dresser
un tableau plus exhaustif, on ne peut oublier la beauté de certaines chorégraphies lors des passages musicaux, qui nous ravissent les yeux avec autant de brio que ce qu'un restaurant gastronomique ne sustente nos estomacs. On ne peut pas non plus omettre l'univers dans lequel la trame narrative nous replonge. On repense aux exilés du franquisme, on analyse à nouveau la politique de l'époque de la seconde guerre mondiale et on découvre Eva Peron et son histoire sous un nouveau jour avec plaisir.
Il est évident que le théâtre baroque est une forme singulière, et du coup que cette pièce plaira autant qu'elle déplaira. Que vous soyez un « afficionado », un détracteur, ou une personne n'ayant aucune vision de cette forme, vous ne perdrez pas les 1h30 de représentation de Tatouage tant l'enchantement et la fraîcheur sont au rendez vous.
Florian Gosselin
Tatouages d'Alfredo Arias
Spectacle écrit et mis en scène par Alfredo Arias - Traduction (de l'espagnol) : René de Ceccatty - Arrangements musicaux : Diego Vila - Accessoires : Larry Hager - Costumes : Pablo Ramirez - Son : Julius Tessarech - Lumières : Patrick Debarbat
Avec Alfredo Arias, Carlos Casella, Sandra Guida, Alejandra Radano, Marcos Montes
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