SHORT STORIES |
TNT
Short stories est un spectacle composé de quatre histoires courtes ou nouvelles du dramaturge et romancier américain Tennessee Williams ( 1911-1983) dont les pièces ont été adaptées au cinéma (Un tramway nommé désir, La chatte sur un toit brûlant, La rose tatouée..) et jouées dans le monde entier. Les quatre nouvelles, Portrait fille d'une en verre (1943), Jeux d'été à trois (1951-1952), Sucre d'orge (1953), Malédiction (1945) traduites, adaptées et mises en scène par la co-directrice du Théâtre national de Toulouse , Agathe Melinard, est le premier volet d'un cycle intitulé nos Amériques. Les deux premières histoires, Portrait d'une fille en verre et Jeux d'été à trois se déroulent dans le milieu familial et brodent sur le thème du mariage, la maladie, l'alcool, les relations hommes femmes sous fond de malaise, de difficultés d'être, de souffrances indicibles, de solitude : des êtres fragiles, inadaptés ou à la périphérie, au-delà de la frontière de la norme. Le troisième récit, Sucre d'orge, donne à voir la figure tendre et pathétique d'un homme âgé qui, trois fois par semaine, se remplit les poches de sucre d'orge et se rend dans un vieux théâtre transformer en cinéma qui passe des westerns ; dans le noir, il recrute un amant d'abord en lui proposant des bonbons et puis de l'argent. Et puis en dernier lieu, il y a cette histoire qui pourrait avoir été écrite hier bien que datant de 1945. Lucho débarque de Sicile, il habite une chambre d'hôtel, la tenancière lui trouve un travail dans une usine de fabrication de voitures. Le travail ne l'intéresse pas, c'est un travail à la chaîne. Tous les jours, il fait les mêmes gestes, ça l'ennuie. Mais ça lui permet de survivre même s'il ne semble pas trop savoir quel sens donner ni à ce travail ni à cette vie qui s'impose à lui. Il semble être seul au monde. Le réconfort, il le trouve, le soir, auprès d'une chatte, elle aussi seule au monde après la mort de son maître russe qui vivait dans la même chambre d'hôtel, était comme lui l'amant de la tenancière, travaillait dans la même usine. Un soir, il rencontre Dieu sous l'aspect d'un SDF alcoolique. Un autre jour les cols blancs se réunissent à l'écart des ouvriers et constatent que la production dépasse les capacités d'écoulement de la marchandise. Comme c'est inhumain, comme c'est irresponsable, comme c'est contraire au bon sens du gestionnaire capitaliste d'envisager que le taux de profit des actionnaires puissent servir de variable d'ajustement, il est décidé de licencier. Lucho se retrouve à la rue avec la chatte. Agathe Melinard et son équipe abordent les quatre histoires avec une certaine légèreté enjouée sous fond de Jazz, de Tango et de Rock (création sonore Joan Cambon) dans une scénographie de Barbara de Limburg épurée en apparence car on passe d'un lieu à un autre grâce au travail du vidéaste, Sébastien Sidaner, dont les projections remplacent les toiles peintes du 17e au 20e siècle et toute la machinerie qui allait avec. Le narrateur de l'histoire est dans chaque récit représenté par plusieurs comédiens qui chacun lui prête sa singularité, il n'a pas de figure propre, chaque spectateur peut être le narrateur, tandis que les personnages principaux sont placés en situation de monstration et sont incarnés. C'est un beau travail plaisant et agréable à voir.
Charles Zindor
Short Stories Tennessee William/Agathe Mélinard Traduction, adaptation et réalisation : Agathe Mélinand Vidéo : Sébastien Sidaner Scénographie : Barbara de Limburg Lumières : Michel le Borgne Son : Joan Cambon Costumes : Nathalie Trouvé Accessoires : Jean-Pierre Belin Décor construit dans les ateliers du TNT sous la direction de Claude Gaillard Avec Pierre Aussedat, Christine Brotons, Emmanuel Daumas, Eddy Letexier, Fabienne Rocaboy, Emilie Vaudou
|