RUY BLAS |
Théâtre National Populaire Du 12 novembre au 11 décembre 2011
Cette pièce de Victor Hugo écrite en 1838, prend une résonnance toute particulière de nos jours. Au-delà de l'histoire d'amour entre une reine et un valet, elle raconte aussi la révolte d'un peuple écrasé par ceux qui le gouvernent, à travers l'histoire de Ruy Blas, le simple laquais, « ver de terre amoureux d'une étoile » qui va grimper les marches du pouvoir par le biais d'une sombre machination dont il sera à la fois le bras et la victime. Sur la scène immense, le décor, grandiose, murs et sols recouverts d'azuléjos variés – carreaux de faïence richement décorés –, les jeux de lumière, superbement réalisés, qui éclairent la pénombre de quelques maigres rayons de clarté au gré de l'ouverture de portes et fenêtres, nous font parfaitement ressentir l'atmosphère étouffante de la cour d'Espagne. L'interprétation est à la hauteur, Robin Renucci est un Salluste inquiétant, odieux et humain à la fois, Jérôme Kircher interprète César avec une drôlerie irrésistible, par ses mimiques et son phrasé particulier, il est libre, fantasque, voyou et terriblement attachant, parfaite incarnation de celui qui « vit avec les loups pas avec les serpents ». Juliette Rizoud campe une reine frémissante, innocente et malheureuse, prête à succomber à l'amour qu'elle espère. Quant au rôle-titre, c'est Nicolas Gonzalès qui lui prête ses traits juvéniles, tout en passion et colères contenues. Il sert à merveille la fameuse tirade « Bon appétit, messieurs » qui pourrait être écrite aujourd'hui :
Ô ministres intègres Conseillers vertueux ! Voilà votre façon De servir, serviteurs qui pillez la maison ! (...) Donc vous n'avez ici pas d'autres intérêts Que remplir votre poche et vous enfuir après ! Soyez flétris, devant votre pays qui tombe, Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe ! (...) Quel remède à cela ? – l'État est indigent, L'État est épuisé de troupes et d'argent ;( ) Et vous osez ! ... – messieurs, en vingt ans, songez-y, Le peuple, – j'en ai fait le compte, et c'est ainsi ! – Portant sa charge énorme et sous laquelle il ploie, Pour vous, pour vos plaisirs, pour vos filles de joie, Le peuple misérable, et qu'on pressure encor, À sué quatre cent trente millions d'or ! Et ce n'est pas assez !
Les scènes de troupe, avec les grands d'Espagne feutres à plumes sur la tête, capes noires sur l'épaule et épées à la ceinture, sont d'une grande intensité. Christian Schiaretti nous présente là avec sa mise en scène épurée et violente à la fois, un superbe moment de théâtre bien dans la lignée de ce lieu qui se voulait et se veut toujours le cur de la cité.
Nicole Bourbon
Ruy Blas de Victor Hugo Mise en scène Christian Schiaretti Avec : Nicolas Gonzales* Ruy Blas Robin Renucci Don Salluste Jérôme Kircher Don César, Un prêtre Juliette Rizoud* La Reine Roland Monod Don Guritan Yasmina Remil* Casilda Clara Simpson La Duchesse d'Albuquerque Isabelle Sadoyan La duègne, Une religieuse Damien Gouy* Le laquais, Un huissier Clément Morinière* (en alternance) Le Comte de Camporeal, Montazgo ; Un alcade Julien Tiphaine* (en alternance) Le Comte de Camporeal, Montazgo ; Un alcade, Un serviteur Yves Bressiant Le Comte d'Albe, Marquis de Priego, Une duègne, Un alguazil Philippe Dusigne Le Marquis de Santa-Cruz, Don Antonio Ubilla, Un alguazil Gilles Fisseau Covadenga, Une duègne Claude Kner Le Marquis del Basto, Don Manuel Arias, Une duègne Olivier Borle* Gudiel Vincent Vespérant Un serviteur, Un moine Antoine Besson, Adrien Saouthi Pages Romain Ozanon Un seigneur Luc Vernay Un seigneur, Un alguazil Brahim Achhal Technicien en jeu *La troupe du TNP Scénographie Rudy Sabounghi, assistante à la scénographie, accessoires Fanny Gamet lumières Julia Grand, costumes Thibaut Welchlin, coiffures, maquillage Claire Cohen son Laurent Dureux, assistante Laure Charvin, assistant à la mise en scène Olivier Borle assistante aux lumières Mathilde Foltier-Gueydan stagiaire à la mise en scène Esther Papaud
Voir également l'article sur l'inauguration du TNP
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