PREMIER AMOUR de Samuel Beckett

au Théâtre Pierre Tabard

17 rue Ferdinand Fabre

34000 Montpellier

du 27 janvier au 6 Février 2011

 

Les assoiffés de Samuel Beckett ne pouvaient que se réjouir. En effet, prendre le risque de monter cette pièce de ce dramaturge permettait de nous faire découvrir une nouvelle peu, voire jamais, jouée. Transposer sur les planches un texte qui, à la base, n'est pas prévu pour cela est toujours un peu périlleux. Rajouter à cela le fait que le seul acteur soit en plus le metteur en scène augmente d'autant plus les risques de produire un magnifique raté. Un spectacle dans lequel tout pourrait être réuni pour nous donner à voir un petit bijou mais où, au final, le diamant reste brut et inélégant. Dire cela de ce spectacle serait toutefois exagéré même si la pierre précieuse ne nous est pas livrée.

L'univers et la verve de Beckett sont au rendez vous. Malgré quelques petites mécaniques, le texte nous est très bien donné par Yves Gourmelon. Il porte le texte à lui seul et nous donne à voir un personnage « beckettien » proche de la perfection tant il nous emporte avec lui et donne vie à ce personnage. Cependant on regrette la présence de la deuxième comédienne sur le plateau. Elle lit silencieusement la nouvelle tout le temps du spectacle, déplaçant une fois sa chaise de deux mètres. Sur la demande de l'acteur principal, elle prend la parole pour lire quelques phrases de la nouvelle. Vous avez l'impression en lisant ces quelques lignes qu'elle n'a aucune utilité sur le plateau, si ce n'est pallier à des trous de textes. Rassurez-vous, le spectateur a le même sentiment durant la pièce et, au final, on préfère occulter cette présence aussi inexplicable qu'elle semble inutile.

On ne peut nier que la mise en scène, si elle existe, est tout aussi inaccessible. On la cherche durant le spectacle. Le comédien joue sur une estrade d'écolier devant la scène et n'en sort que très rarement. C'est statique et manque malheureusement de vie. Certes cela appuie le côté enfermé sur lui même du personnage mais on regrette quand même cet état de fait. On a l'impression d'assister à une très bonne lecture très travaillée alors qu'on nous annonçait un spectacle de théâtre.

Une diva à la voix magnifique chantant les pages de l'annuaire restera toujours quelque chose de plus agréable que la soupe d'un tube éphémère,  mais on aurait quand même préféré qu'elle nous livre une vraie chanson. Il en est un peu de même de cette pièce. Certes le plaisir est au rendez vous et on voyage sur les mots d'un grand dramaturge mais on est un peu frustré que le spectacle se rapproche plus de la lecture que d'une pièce de théâtre.

 

Florian Gosselin

 

Ecrit par Samuel Beckett

Conception et interprétation Yves Gourmelon,

Assistante scénique Lydie PARISSE,

Collaboration artistique Alain BEHAR

http://theatreaupresent.free.fr/index.html