MANUEL PRATT – Respire encore

 

 

Respire encore – Manuel Pratt loupe 

 

 

Espace Gerson
1 Place Gerson, 69005 Lyon
04 78 27 96 99

Jusqu’au 2 décembre
du mercredi au vendredi à 20h30, samedi à 21h00

 

Le pape de l’humour noir respire encore

 

Réveillons-nous, Manuel Pratt respire encore la preuve il a sévi cette semaine à l’espace Gerson. C’est un peu sa maison car il y vient depuis 28 ans déjà. Mais voilà que le pape de l’humour noir donne dans le Walt Disney dès le début de son spectacle, serait-il malade ? non bien sûr, les mythes de Blanche neige et Cendrillon sont vite massacrés à coup de haine et de mauvais présages. Nos enfants seront donc bien éduqués par maître Pratt. Maître et poète, il diffuse sa bonne parole sur scène, forcément il a été éjecté des chaînes radio et télé. Sur les planches, il ne connaît pas la censure, d’ailleurs il « pisse sur TF1 et crache sur France 2 » pour être venues à Nice (au moment de l’attentat) sans une ombre d’humilité et ni de compassion.

Manuel Pratt a bien conscience qu’on ne peut parler de plus rien. Difficile de critiquer Macron il est aimé par toutes les femmes. Critiquer Mélenchon, ça déclencherait un levier de boucliers…  Par contre il est prêt à faire une petite gâterie à François Fillon pour 900 000 euros, comme Pénélope…

Dans la salle, les spectateurs font semblant d’être choqués, ça chuchote mais ça aime bien ça ! Un coup de griffe aux Bretons, aux migrants, aux Américains, aux ados, à sa mère… tout le monde prend, tout le monde sauf les homos, quand même !

Plus libre que jamais, Manuel Pratt nous apprend deux choses « Quand tu crois en Dieu… » Courez voir son spectacle !

 

En ouverture

Le talent de Benjamin Escoffier a marqué le public à l’espace Gerson. Avant de laisser la place au pape de l’humour, le jeune humoriste s’est lancé dans un commentaire sportif façon Léon Zitrone d’un marathon entre Jésus, Moise et Mahomet. À 36 ans, Benjamin Escoffier maîtrise l’art du Slam avec une aisance impressionnante !

 

À propos de Manuel Pratt

« Bouffon » lui convient bien car Manuel Pratt écrit et met en scène des spectacles et des nouvelles à l’humour décapant. Malgré les pressions, plusieurs procès, l’interdiction de passer dans des émissions (radio, télé) ou de jouer dans certaines salles, Pratt s’applique à « démaquiller les salauds ». Sa force c’est cette carapace qu’il s’est faite en surmontant un traumatisme vécu dans son enfance.

- Comment Manuel Pratt se met-il dans la peau de ses personnages si particuliers ?

« À 12 ans j’ai été victime d’un viol (lire son livre Oiseau de saccages), je m’en suis sorti psychologiquement et je me suis construit une carapace cela me permet de faire un long travail de recherche dans des livres, en allant à la rencontre des personnes, par exemple, mon spectacle sur la guerre d’Algérie m’a demandé cinq ans de recherche. C’est un vrai travail de journaliste et d’enquête. Ensuite ce n’est pas moi qui écrit, c’est mon personnage, je m’imagine dans sa peau, comment il pense, comment il marche… et ça devient logique. »

- Est-ce que Papa Pratt est aussi excessif que sur scène ?

Je suis assez schizophrène car dans la vie je suis vachement sauvage, solitaire, je parle peu, je suis « jusqu’au-boutiste », alors je dis à mes enfants « fait ce qui te plaît en te respectant, ne mens pas », je suis là pour les soutenir, je ne leur apprends rien, je leur montre, je reconnais que ce n’est pas toujours facile pour mes enfants parce que je me révolte et certains ne m’aiment pas.

- Est-ce que Manuel Pratt écrit en fonction de ce qu’il veut dire ou selon le public qu’il a en face ?

En fait, je n’écris que sur mes terreurs, sur ce qui me révulse, sur le courage, savoir dire non, savoir dire je t’aime… mon but n’est pas de blesser mais de toucher, une fois écrit le spectacle n’évolue jamais en fonction de la réaction de la salle. Selon moi le fond est plus important que les effets, comme je ne veux pas me décevoir je dis ce que j’ai à dire !

- Un dernier mot de Manuel Pratt :

« Il y a quelque chose de complètement fou, je trouve qu’il y a un retour du politiquement correct, le spectacle d’humour est de plus en plus difficile, on ne peut plus faire ce qu’on a fait il y a 20 ans (Hara-kiri, les Nuls, Groland…), on a combattu pendant des années pour une ouverture d’esprit et là on repart à zéro, depuis les attentats on s’autocensure, on tire les gens vers le bas, ils ont peur de rire c’est palpable sur scène.

Par contre j’aime vraiment la nouvelle génération sur la toile comme les youtubeurs qui balancent les infos très rapidement, certains ont tout compris, ils évoluent d’une bonne manière sur la toile avec une bonne mentalité, ils sont vrais ! »

 

Respire encorede Manuel Pratt

manuelpratt.net

 

Mis en ligne le1er décembre 2017