au Théâtre D'O
Domaine d'O, 178 rue de la carrièrasse
34090 Montpellier
les 15,16 et 17 Février à 19h et les 18 et 19 Février à 20h30
Quand on dit clown, tout le monde pense au cirque. Pourtant cette forme de jeu et cette esthétique théâtrale a tout autant sa place sur les planches que sur une piste sablée. Ce spectacle pousse même le vice un peu plus loin en faisant interpréter aux trois clowns protagonistes le roi Lear d'un dramaturge plus que connu William Shakespeare. Le comique et l'onirisme sont au rendez vous pour notre plus grand plaisir.
Le spectacle commence par deux tableaux qui, concrètement, à part installer les clowns et leurs univers singuliers, ne possèdent pas grand intérêt. Certes le brio d'interprétation est au rendez vous mais on se demande bien où se trouve ce que la feuille de salle et le résumé nous ont annoncé. Le décor est simple, pour ne pas dire simpliste, laissant soin aux acteurs de porter sur leur épaule ce début de représentation un peu faible.
Puis, tout d'un coup, après un bref noir, tout se met en branle. On rentre dans le vif du sujet de manière brutale, efficace et même un brin jouissive. Les artifices tombent et les clowns arrivent devant nous, sur un plateau de théâtre privé de quatrième mur. Et ils ont envie de jouer. Ils trouvent un texte en coulisse et s'organisent brièvement sous nos yeux perplexes tant l'inattendu est au rendez vous. Des techniciens passent sur le plateau et installent le décor composé
quasi exclusivement de carton pour former un château. La mise en scène apparaît aussi et on peut dire, le sourire aux lèvres : on y est enfin. Les feux d'artifices théâtrolaux-clownesques se succèdent nous laissant voir tout le talent sans faille des acteurs clowns à travers des clowns acteurs. Une mise en abîme déformée à laquelle on ne peut trop rien trouver à redire avec un décor soigné, une mise en scène présente pour appuyer les performances des acteurs et de très grand clowns.
Le fait de prendre un texte tellement monté qu'on pourrait presque le connaître par cur, ne permet que de rajouter du sel à cette pièce. C'est un peu la cerise confite qui vient se poser un dessus d'un gâteau pour le parfaire. Les trois clowns interprètent le roi et deux de ses filles. Cela peut paraître simpliste mais on se rend vite compte, qu'au final, il n'y a pas besoin de plus pour faire ressortir le suc et l'histoire de la pièce de Shakespeare. Le comique apporté
par le burlesque ne gâche rien à cette re-découverte du texte, bien au contraire.
Cette pièce de théâtre de clowns n'a rien à envier à des pièces plus classiques de part le génie avec laquelle elle est livrée aux spectateurs. On ressort heureux d'avoir passé un moment frais et poétique durant lequel le temps fut plus un ennemi qu'un ami tant on aurait aimé que cela dure un peu plus longtemps.
Florian Gosselin
Ecriture et mise en scène : François Cervantes
Avec Bonaventure Gacon, Catherine Germain et Dominique Chevalier.
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