LES NOCES DE FIGARO

Opéra National de Lyon
Place de la Comédie
69001 Lyon
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mars 2011 : Mardi 15 20h, Samedi 19 20h, Mercredi 23 20h, Samedi 26 20h, Jeudi 31 20h


© Bertrand Stofleth / Alain Franchella

 

En état de grâce

Cosi fan Tutte, les Noces de Figaro et Don Giovanni , la trilogie de Mozart sur un  livret de Da Ponte,  est à voir en ce moment   à l'Opéra de Lyon jusqu'au 6 avril, mis en scène par Adrian Noble, ancien directeur de la Royal Shakespeare Company et metteur en scène anglais, qui  réactualise l'œuvre en nous proposant un parcours des Etats-Unis à notre époque : Santa Monica pour Cosi, Washington pour Les Noces de Figaro et New-York pour Don Giovanni.

Petit tour du côté des Noces de Figaro.

Dans cette œuvre, les sentiments sont au cœur de l'histoire. Le valet Figaro prépare ses noces avec la belle Suzanne que le maître de maison convoite. Mais Figaro va concocter un plan pour déjouer les desseins du Comte. Les rivalités amoureuses tissent la toile de fond de cette intrigue pleine de rebondissements. L'amour est traité sous toutes ses formes : l'éveil érotique, le libertinage, la nostalgie amoureuse, la jalousie. Il triomphe alors que s'évanouissent les inégalités sociales dans un déluge de notes qui réconcilie tout le monde à la fin.

Ce qui frappe immédiatement, c'est la mise en scène. On en a évidemment beaucoup parlé depuis sa création en 2007, et c'est justifié.  Moderne, elle rend à l'œuvre son dynamisme formel initial, souligne l'humour du texte, l'enrichit d'un contexte nouveau qui abolit la distance du "classique".

C'est modernisé, mais c'est  fait avec grâce et légèreté, sans en rajouter, sans provoquer: ici pas de gadgets style  téléphone portable, pas de réécriture du livret avec allusions appuyées à l'époque, comme on a pu le voir dans d'autres adaptations.

Tout paraît naturel y compris le jeu des interprètes, avec une mobilité d'expressions et une variété de jeu réjouissante sur le plateau, passant  du burlesque à l'émotion, avec parfois des accents quasi shakespeariens.

Tove Dahlberg  campe un Chérubin drôle et tendre, tendu, avec parfois des airs de «  petite frappe » inhabituels.

Helena Juntunen est une comtesse émouvante, avec  à l'acte III un « dove sono i bei momenti »ovationné à juste titre, comme le sera Valentina Farcas (Suzanne) à l'acte IV dans le « Deh, vieni, non tardar ».

Tous sont à l'unisson, et le fait que chacun ait l'âge du rôle ajouté au changement d'époque et de pays permet de surcroît l'identification : le spectateur jubile avec le Comte qui organise sa vendetta, rit du déguisement de Chérubin, s'émeut de l'effroi de la comtesse.

Le décorateur, Tom Pye, est en phase complète avec le metteur en scène.

Un début surréaliste : un banquet se prépare, puis une chaise, deux, trois, d'autres encore, et les tables pour finir s'envolent vers les cintres tandis qu'au centre, une sorte de Maison Blanche miniaturisée voit ses fenêtres s'éclairer une à une, donnant le signal du départ : « la folle journée » peut commencer.

Voilà un spectacle  léger, astucieux, jouissif et jubilatoire pour le public qui n'a pas boudé son plaisir et l'a prouvé par ses applaudissements nourris et chaleureux.

Jamais Mozart n'aura semblé aussi contemporain.

 

Nicole Bourbon

 

Production de l'Opéra de Lyon

Direction musicale Stefano Montanari

Mise en scène Adrian Noble

Décors Tom Pye

Costumes Deirdre Clancy

Eclairages Jean Kalman

Chorégraphie Sue Lefton

 

Le Comte Rudolf Rosen

La Comtesse Helena Juntunen

Suzanne Valentina Farcas

Figaro Vito Priante

Chérubin Tove Dahlberg

Bartholo Andreas Bauer

Don Bazile Jean-Paul Fouchécourt

Barberine Elena Galitskaya

Antonio Marc Labonnette

 

Orchestre et Chœurs de l'Opéra de Lyon