LES DÉFERLANTES

Théâtre Roger Ferdinand
Rue Octave Feuillet
50000– Saint Lô

Vendredi 10 mars 2017

 

 

Les Déferlantes loupe 

Cette création est une idée de Guillaume Lamas, directeur de l'Orchestre Régional de Normandie. Il avait comme beaucoup de monde, lu le roman de Claudie Gallay "Les déferlantes".  Le roman retrace l'ambiance, la vie rude et âpre des gens de la Hague, un endroit perdu "au bout du monde" pour lequel, comme certains d'entre nous, il a une tendresse particulière.

Ce projet autour du roman est devenu une évidence.  Gilles Alonzo, compositeur et professeur au conservatoire de Lyon en classe musicale et image, et Eric Louviot, metteur en scène et directeur du théâtre de Lisieux sont allés s'imprégner de cet endroit si étrange et le projet de ce spectacle a pu se concrétiser. Gilles Alonzo a élaboré la musique et Eric Louviot a relevé le challenge de condenser un livre de 525 pages en un scénario de 24, privilégiant la dynamique des dialogues, l'importante description des lieux et l'ambiance revenant à la musique et aux lumières.

Et l'on peut dire que c'est réussi, c'est superbe une mise en scène qui permet à partir d'une œuvre littéraire de faire un spectacle vivant.

Nous sommes plongés d'emblée dans cette atmosphère si particulière que l'on ne retrouve que là-bas !

Un décor austère et dépouillé pour figurer la mer, une composition musicale originale, superbe et envoûtante  interprétée par  un quintette à cordes et un percussionniste présents sur scène, grâce auxquels une rumeur sourde et puissante nous embarque dans cet endroit resté à l'état brut, ce lieu régenté par la nature sauvage, balayé par la pluie et le vent. On entend le vent siffler, la mer gronder, les vagues s'écraser sur les rochers.

Sur cette scène plongée dans la pénombre, une mise en lumière ensorcelante et remarquable, des images sont diffusées pour nous faire découvrir le comptoir du bistrot que l'on aperçoit à travers les vitres, lieu de rencontre où se font et se défont les histoires, le cimetière et ses tombes à la mémoire des disparus. Seul véritable point lumineux,  la lueur omniprésente et obsédante du phare, qui est à l'origine de cette histoire.

Dans cette mise en scène sobre et prenante,  prennent place les comédiens. Le passé resurgit petit à petit. Nous avançons pas à pas dans cette quête du passé, cette recherche de la vérité et ce désir de sortir de ce qui obscurcit l'esprit de chacun, ce désir d'apaisement. La narratrice, ornithologue, est venue ici soigner ses blessures, elle  nous conte merveilleusement ces errants de la vie que la Hague a fait se rencontrer. L'histoire de Lambert l'intrigue tandis que l'homme l'attire, une complicité s'installe avec Théo qui partage avec elle sa passion des oiseaux. Lili est campée derrière son bar avec ses rancunes, Morgane tresse à ses heures perdues des couronnes pour les morts,  et  Nan intrigante erre, vêtue d'une épaisse robe noire sur laquelle se cousent des mots, le fil de sa vie.

 Des personnages dans la peau desquelles se glissent avec beaucoup de talent les trois excellents comédiens qui  nous offrent ce très beau moment de théâtre, puissant et passionnant.

Ce concert littéraire est une brillante création, superbement servie par tous les protagonistes.

Maryline Bart

 

Les Déferlantes

d'après le roman de Claudie Gallay Les déferlantes
Compositeur Gilles Alonzo
Scénographie et mise en scène Eric Louviot
Conception lumières Fabrice Fontal

Avec
Éric Louviot, Lambert et Théo
Marie-Laure Spéri, la narratrice
Élisabeth Tual, Lili, Nan et Morgane
Jean-Yves Ehkirch, violon
Anne Faucher, violon
Jean-Daniel Rist, violon
Adrien Tounier, alto
Aurore Doué, violoncelle
Thierry Lecacheux, percussions

                                                                                                                                                                                                        

Mis en ligne le 13 mars 2017