LE NOUVEAU MONDE

Cirque pluridisciplinaire

Chapiteau de l’École Fragile à La Valette-du Var

Biennale Internationale des Arts du Cirque Archaos Méditerranée :
Chapiteau de l’Ecole Fragile à La Valette-du Var, les 4 et 5 février 2017
Chalons dans la rue : Châlons-sur-Saône du 20 au 23 juillet 2017

 

 

Le Nouveau Monde loupe © Crédit Photo Claire Bossuet

Gilles Cailleau de la Compagnie Attention Fragile est à la fois comédien et homme de cirque. C’est sous un chapiteau plus jaune que le soleil qu’il présente ses spectacles. Spectacles itinérants, mi-forain, mi-artiste dramatique, mi-musicien. Un homme de la balle au sens noble du terme, homme de spectacle qui préfère s’avancer vers un public neuf, indéterminé, inaccoutumé plutôt que de faire venir à lui des spectateurs à moitié conquis. C’est pourquoi son spectacle s’inscrit immédiatement comme un dialogue, une expérience vécu ensemble : lui, sa compagnie et le cercle de spectateurs qui l’entoure au bord de la scène ronde où il crée.

 Il crée, en direct et sans filet ce qui est à la fois une évocation de notre chaotique siècle et un cri lancé vers ce qui différencie l’homme de l’animal. Ici, pas de distance entre scène – là où se déroulent les drames et les comédies – et salle. Accueilli sous la toile du chapiteau comme dans une matrice protectrice, nous voilà ensemble embarqués dans cette tentative pour  comprendre ou du moins interroger le XXIème siècle, tout protégés par les projections variantes sur les murs de toiles tout autour.

Il y a de la performance dans l’acte créatif de Gilles Cailleau. Un happening haletant durant lequel il produit des images frappantes à l’aide d’objets du quotidien, de récupérations, des brosses et des peintures, des couteaux de lanceurs de couteaux, des planches d’équilibristes, des poupées, des bateaux de papier, des flammes, des clous, du verre…

La parole d’abord, puis la musique qu’il fabrique en direct sur une guitare, un violon et un looper, puis l’image qu’il construit ou détruit sous nos yeux : l’histoire du XXIème siècle.

Un cirque qui ose prendre à bras le corps et jeter violemment sur la piste les fracas et les égarements du monde : l’écroulement du mur de Berlin, le sida, le 11 septembre, les migrants mais aussi les cauchemars de l’homme que les guerres, les cris lointains, les massacres empêchent de dormir.

Rouge, vert, jaune marquent les étapes de ces reconstitutions où l’on assiste souffle coupé à l’écroulement des tours jumelles frappées par des avions – de papier – qui explosent, on voit cette planète aux continents rouge-sang se larder des couteaux des massacres, on découvre par la grâce de poupées rendues marionnettes, l’effroyable souffrance des migrants… et le cauchemar.

Car Le nouveau monde est aussi et surtout l’âpre désolation du poète, du rêveur, celui dont la mission est d’apporter l’envol de la vie, de l’espoir et du rire. Le voici, ce poète, incapable de laisser fleurir l’espoir sur ses lèvres, persécuté qu’il est par les écroulements du monde, les guerres, l’avenir gris... insomnies et cauchemar… Rouge flamboyant des murs de toiles… Cet écartèlement entre l’envie de donner du rêve grâce au cirque, à la comédie et l’impossibilité de se détourner de l’actualité est au cœur de ce spectacle de clown sans maquillage, poignant mais vivant, lucide mais onirique.

L’art dramatique est tout entier là dans ces reconstitutions, ces représentations pour, comme dans la tragédie, comprendre et s’approprier les événements extrêmes, et continuer à croire en l’avenir de l’humanité.

Bruno Fougniès

 

Le Nouveau Monde

(Une histoire générale et poétique du XXIème siècle)

Spectacle de Gilles Cailleau de la Compagnie Attention Fragile
Regard sur le jeu et la piste : Julie Denisse
Regard sur la danse : Anne Reymann
Oreille musicale : Frédéric Foucher
Accessoires essentiels : Christophe Brot
Lumière : Christophe Bruyas
Ingénieur du son : Thibaut Boislève

Avec Gilles Cailleau

 

Mis en ligne le 7 février 2017