Entête

LA CABANE DE L’ARCHITECTE OU LA MAIN TENDUE DE LE CORBUSIER

 

Théâtre du Balcon
38 rue Guillaume Puy
84000 Avignon

du 17 au 19 novembre à 20h
et le dimanche 20 novembre à 16h

 

La Cabane de l’architecte ou la main tendue de le Corbusier loupe 

 

Le Corbusier cet architecte qui en fit rêver plus d’un mais qui ne sera pas toujours bien accueilli notamment à Marseille avec sa cité radieuse que les marseillais appelaient la cité du fada ou que certains dans l’après guerre pointaient du doigt.

C’était aussi un peintre, un designer, mais surtout un innovateur en architecture. Il va beaucoup utiliser le béton armé et créer des unités d’habitation à la mesure humaine à partir de son modulor.

Mais ici il s’agit d’une histoire méconnue entre l’architecte et un enfant vivant à côté de sa « maison » sur la côte d’azur. Il va prendre cet enfant sous son aile et l’aider à progresser dans la vie.

Le Corbusier avait planté sa demeure sur la côte au Cap Martin au bord de l’eau, une maisonnette minuscule en bois de 11m2 accolée à une maison celle du père de Robert qui tenait un restaurant.

Très belle rencontre que Louise Doutreligne a posé délicatement sur les pages blanches, très beau récit que Jean Luc Paliès a mis en scène avec finesse et intelligence comme à son habitude.

La scène est occupée par deux immenses voiles ou façades de béton sur lesquelles sont projetés des films d’ambiance en liaison avec le récit...foisonnement d’images.

On est pris du début à la fin par l’aventure de ce garçon, son évolution, sa construction personnelle.

On replace les éléments dans la vie de le Corbusier, dans ses réalisations.

Le jeune garçon « Robert » va suivre le maitre et accepter bien des situations peu confortables parfois mais qui vont forger en lui les bases d’un architecte…On sent toute la différence qu’il y a en eux, Le Corbusier un personnage peu expansif, assez renfermé qui pensait l’architecture à la dimension humaine et Roberto ce jeune garçon plein de fougue qui découvre l’architecture pas à pas en se confrontant dès le début au côté matériel de la construction, il sera au départ manœuvre et finira architecte…

Mais quelle progression, quelle ascension sociale !

Le récit de Louise Doutreligne est passionnant, porteur, enthousiasmant.

Jean Luc Paliès a su avec habileté donner vie à ce texte par une mise en scène inventive et s’entourer d’une belle équipe d’acteurs.

Dans ce décor d’une pureté absolue les années passent, le récit évolue, on est porté, emporté, la vie se déroule ….

Le public a fortement et longuement applaudi, succès mérité .

Jean Michel Gautier

 

C’est toujours un plaisir et une gourmandise d’assister aux présentations de de Louise Doutreligne et de Jean-Luc Paliès. Leur goût des mots, leur sensibilité, leurs sens du détail en font des orfèvres qui savent monter pour leurs spectateurs de vrais petits bijoux. Ils en soulignent la réflexion, l’émotion pour les rendre accessibles aux spectateurs, les transporter dans le temps et l’espace et les retenir le temps de la représentation dans leur univers.

L’écriture de cette pièce reste d’une actualité brûlante où à ce jour, beaucoup vivent dans des logements insalubres. Depuis de nombreuses années, Louise Doutreligne s’intéresse au thème de l’habitat et du vivre ensemble. Il était essentiel de rappeler les travaux du grand Le Corbusier qui voulait répondre aux besoins d’une société moderne pour un habitat commun. Rappelons que l’après -guerre vivait une très grande pénurie de logements notamment à Marseille, ce qui valut la célèbre Cité Radieuse, un habitat collectif de 330 appartements…

Mais ce n’est pas Le Corbusier qui est mis en valeur dans cette pièce. Louise Doutreligne a mis dans la lumière les, parfois, oubliés de l’histoire. Il s’agit de l’improbable  rencontre entre le grand Le Corbusier et le parcours de cet enfant, le  jeune Robertino  qui l’intéresse et nous subjugue.
Le Corbusier vient de mourir, Robertino en se rendant à ses obsèques se raconte, nous raconte .

Une rencontre qui va changer à tout jamais la vie de ce jeune enfant, fils de pêcheur qui était destiné à devenir plombier. Le Corbusier est en vacances au Cap Martin et décide de prendre ce garçon sous son aile pour l’aider à sortir de sa condition. Un destin hors du commun, une vision tour à tour à hauteur d’enfant et de l’adulte qu’il est devenu, une plongée émouvante des années qui suivront, son quotidien, ses combats, ses batailles, la guerre d’Algérie et au-delà de tout, sa passion pour l’architecture. Le Corbusier ne va pas lui faciliter la tâche, il devra se battre, ne pas rechigner  mais son obstination et sa joie de vivre lui permettront de dépasser tous les obstacles.

 Cette pièce nous parle de mémoire, de transmission, du poids des mots qui peuvent chambouler le cours d’une vie.

Un dispositif scénique au centre de la scène où deux voiles qui reçoivent les ressacs des vagues sont là pour nous transporter tel un reflet du passé et projection d’un au-delà donnant l’impression de regarder le cœur du temps qui se dédouble pour créer le canevas de la mémoire.

Également un bonheur de retrouver le talentueux Oscar Clark dans le rôle de Robertino, que nous avions vu dans l’excellente et poignante pièce Vienne 1913 mis en scène également par Jean-Luc Paliès.

Remarquablement servi par tous les comédiens nous nous sommes délectés de cette histoire, belle et captivante, peu connue, où les pointes d’humour font mouche, où la musique nous transporte, c’est du très beau théâtre.

Ce dimanche 20 Novembre sera projeté au cinéma Utopia à 10h LES ENFANTS DU BETON , scénario de Louise Doutreligne, suivi d’une discussion avec Jean-Luc Paliès.

Fanny Inesta

 

La Cabane de l’architecte ou la main tendue de le Corbusier

de Louise Doutreligne
mise en scène Jean Luc Paliès

avec Oscar Clark, Mandine Guillaume, Alain Guillo, Claudine Fievet et Jean Luc Paliès

scénogarphie Lucas Jimenez
création vidéo / mapping Nina Cholet
création musicale Jeeb’s, groupe Funk echoes’of