LA VIE DE GALILÉE
Regard(s) 2 Les Précurseurs
25 > 29 novembre
Grande salle
Comment est la nuit ?
La Vie de Galilée de Bertolt Brecht (1898-1956), reflète le combat pour le changement de paradigme qui eut lieu à la Renaissance ; combat pour le passage d'une vision géocentrique où la vitesse et le temps sont absolus à celle héliocentrique où la vitesse est relative et dépend du référentiel et aboutit à une délocalisation de Dieu ; combat entre les tenants de vérités établies et les tenants de vérité nouvelles ; combat entre, d'un côté, ceux qui ont un intérêt à la propagation de ces vérités nouvelles, non par amour pour la vérité, mais parce qu'elle débouche sur la mise en place d'outils économiquement rentables , ici la classe montante des commerçants , des entrepreneurs et de l'autre côté ceux qui sont contre la propagation de ces vérités nouvelles, non pas parce qu'elles ne sont pas vérités mais parce qu'elles s'opposent, remettent en question l'ordre établi et impliquent une reconfiguration des jeux de pouvoir et une redistribution des rôles avec des gagnants et des perdants, ici le clergé.
Est-ce un combat entre les Obscurantistes et les ''Lumières'' ? Entre les traditionalistes et les modernes ? Entre les croyants et les athées ?
On peut constater qu'aujourd'hui l'émergence et la propagation d'une vérité nouvelle peuvent être empêchées, freinées par des multinationales par ailleurs à la pointe du ''progrès'' scientifique si cela menace leurs intérêts et de même que le clergé faisait appel à ses scientifiques pour contredire la nouvelle vérité les multinationales ont aussi leur cohorte de scientifiques. De même que certains avaient intérêt à refuser de regarder la nouvelle vérité à travers les lunettes de Galilée de même aujourd'hui certains ont intérêt à refuser de reconnaître les effets nocives des ondes téléphoniques sur la santé ou d'un nouveau vaccin fabriqué à la va-vite et qu'on voudrait inoculer à des millions personnes. Bref en démocratie capitaliste comme en monarchie chrétienne l'émergence et la propagation d'une vérité nouvelle dépend, pour partie, de l'état des forces en présence et des intérêts en jeu.
Entre les pour et les contre se trouve le scientifique, ici Galilée, un bon vivant qui aime bien manger et bien boire mais sans le sou soumis donc à la tentation. Comme un enfant à la vue soudain augmentée par ce nouvel outil, le télescope, qui découvre une nouvelle réalité, il s'émerveille et voudrait faire connaître à ses contemporains cette nouvelle réalité, cette nouvelle façon de percevoir.
François Sivardier a réalisé une mise à plat du texte, le considérant comme un matériau de travail et prenant ses distances avec la notion de personnage il distribue les trente deux rôles à seulement huit comédiens, il identifie Galilée à Brecht, c'est-à-dire à l'artiste, à l'homme de théâtre qui portait un nouveau regard sur son art et voulait en changer la perception. Sivardier et ses comédiens fuient le didactisme pesant et prennent le parti du divertissement spectaculaire. Le spectacle commence comme une comédie joyeuse.
De ces choix, il en ressort un spectacle vivant et dynamique sollicitant l'intelligence du spectateur, suscitant l'émotion sans jamais l'y abandonner au moyen de la musique et du jeu de l'acteur tantôt lyrique, voir dans l'excès et tantôt dans un parlé proche du quotidien, sans fioriture.
C'est un beau spectacle.
Charles Zindor
La vie de Galilée
Bertolt Brecht / Jean-François Sivadier
Auteur Bertolt Brecht
Traduction Éloi Recoing
Mise en scène Jean-François Sivadier
Avec
Nicolas Bouchaud
Stephen Butel
Éric Guérin
Éric Louis
Christophe Ratandra
Lucie Valon
Nadia Vonderheyden
Rachid Zanouda
Collaboration artistique Nicolas Bouchaud, Véronique Timsit, Nadia Vonderheyden
Assistante à la mise en scène Véronique Timsit
Décor Christian Tirole, Jean-François Sivadier
Costumes Virginie Gervaise
Habillage Valérie De Champchesnel
Lumières Philippe Berthomé
Régie lumières Jean-Jacques Beaudouin, Damien Caris
Régie générale Dominique Brillault
Régie son Eve-Anne Joalland
Accessoiriste Julien Le Moal
Mis en ligne le 1er décembre 2014