LA NOSTALGIE DU FUTUR
TnBA – Théâtre National de Bordeaux Aquitaine
Place Renaudel
33000 - Bordeaux
Tel : 05 56 33 36 80
Jusqu’au 25 Octobre 2018
(du 6 au 10 Novembre 2018 au Théâtre Olympia de Tours et les 14 et 15 mai 2019 au Nord-Est Théâtre de Thionville-Grand Est)
Quand le noir clôt le spectacle, le mot foisonnant émerge. Foisonnement de pensées, d’idées, d’images, de musique… Et pour cause ! L’homme qui a inspiré cette création à la metteuse en scène Catherine Marnas n’est autre que Pier Paolo Pasolini, l’une des figures artistiques phare des années 60’ en Italie. Cinéaste-poète-écrivain, Pasolini et ses pensées, ses réflexions sur l’évolution de la société « accompagnent » la directrice du TnBA depuis longtemps. Et quand la rudesse de la réalité sociale bouscule son quotidien, et qu’elle l’évoque avec son ami le philosophe Guillaume Le Blanc, une collaboration autour de l’intellectuel italien s’impose pour l’ouverture de saison : donner la parole, à partir des nombreux entretiens qu’il a donnés tout au long de sa vie, à celui qui faisait preuve d’une incroyable clairvoyance prémonitoire sur la liquidation des valeurs des « petites gens » réalisée par ce que l’on appelait alors la société de consommation. « Je suis parti dans l’écriture de la pièce d’une présence fantomatique de Pasolini dans notre monde contemporain, déclare le philosophe. Il n’y a pas à être nostalgique du passé mais le passé est un réservoir de vies futures. Quand les formes de vie anciennes disparaissent, quand les traditions et les peuples s’en vont, c’est le futur qui est ôté au présent et qui devient le désirable impossible, celui dont nous finissons par avoir la nostalgie ».
Le spectacle montre des comédiens qui répètent des textes de Pasolini. Ils les apprennent, les discutent, se disputent à propos de la disparition des lucioles dans l’Italie des années 60’ annoncée par Pasolini. La fin des lucioles, de ces milliers d’espèces qui brillent par intermittence dans la nuit, et qui sont détruites par l’éclairage urbain et la destruction de notre monde ambiant, c’est également la fin de toutes les formes de vie populaires qui brillaient encore dans l’après-guerre et qui sont méthodiquement éliminées par le triomphe du capitalisme. Sommes-nous condamnés à nous éteindre, à ne plus briller ? Comment être encore révolutionnaire dans un monde ou la révolution a disparu ? Comment Pier Paolo Pasolini, cet ennemi de la mollesse, jugerait il notre monde contemporain dans lequel l’argent creuse de plus en plus profondément des inégalités révoltantes ?
Entre parabole et documentaire, images vidéos oniriques et errance de deux SDF en quête de refuge, la metteuse en scène, qui a opté pour un montage « à la Godard », livre un vibrant appel à la résistance. Une manière originale de secouer notre présent anesthésié par le confort.
Patricia Lacan-Martin
La Nostalgie du futur
Textes : Pier Paolo Pasolini et Guillaume Le Blanc
Mise en scène : Catherine Marnas
Avec Julien Duval, Franck Manzoni, Olivier Pauls, Yacine Sif El Islam, Bénédicte Simon
Assistantes à la mise en scène : Rita Grillo et Odile Lauria
Scénographie : Carlos Calvo
Son : Madame Miniature assistée de Jean-Christophe Chiron
Lumières : Michel Theuil assisté de Clarisse Bernez-Cambot Labarta
Conception et réalisation des costumes : Edith Traverso assistée de Kam Derbali
Création vidéo : Ludovic Rivalan assisté d’Emmanuel Vautrin
Régie plateau : Cyril Muller
Construction décor : TnBA
Chef constructeur décor : Nicolas Brun
Régisseur général : François Borne
Mis en ligne le 14 octobre 2018