Hot Pepper, Air Conditioner and the Farewell Speech/ |
Théâtre Garonne Toshiki Okada, metteur en scène dont le travail est reconnu au Japon était de passage avec les comédiens de sa compagnie Chelfitsch déformation de selfish au Théâtre Garonne de Toulouse du (24 novembre au 1er décembre) Le metteur en scène a présenté deux de ses spectacles : Hot pepper, Air Conditioner and The Farewell Speech et The sonic Life of a Giant Tortoise. Les trois textes qui composent le premier spectacle s'intéressent au monde du travail, le deuxième spectacle nous plonge dans le quotidien d'un couple à Tokyo. Les deux spectacles peuvent quelque peu dérouter les spectateurs. Textes, scénographies, voix, corps, musique sont traités presque comme des éléments indépendants qui se rencontreraient fortuitement dans un même espace. Les relations entre les personnages sont réduites au minimum ; la voix des acteurs demeure dans le registre du quotidien ; la parole est le plus souvent adressée aux spectateurs ; l'expression des sentiments est réduite au minimum on peut voir un acteur sourire, exprimer un peu de joie mais pas plus. Dans The Sonic Life of Giant Totoise on a à faire à une juxtaposition d'espace : côté jardin, fond scène, espace de prise de vue, côté cours espace de jeu découpé par deux poteaux de « rugby » et derrière la lucarne, en hauteur, l'espace de projection des images filmées, côté jardin, d'acteurs faisant en direct devant une caméra des grimaces.
Au final par ces jeux de juxtapositions de langages, de répétitions des mouvements et du texte, la pauvreté des conversations, Toshiki parvient à mettre en évidence un certain désenchantement des gens . Que faire du quotidien ? Que faire du temps qui passe ? Dans Farewell Speech, c'est la violence de l'entreprise qui est dénoncée. Erika qui vient d'être licenciée est invitée à tenir un discours de départ par son manager. On attend évidemment d'elle qu'elle parle positivement de son entreprise. Elle est placée dans une situation qui paraît intenable, elle devrait reconnaître comme juste ce qui a été dénoncé par les autres personnages dans Hot Pepper comme injuste. Avec Farewell Speech on est en présence de cette violence quotidienne et masquée à laquelle est soumise le salarié : il lui est demandé de s'identifier à l'entreprise, d'y investir son imaginaire et dans le même temps il n'est qu'une variable d'ajustement. Toshiki Okada, d'après ces deux spectacles, propose une manière assez originale de raconter une histoire qui semble faire fi totalement du personnage et de sa construction ; le personnage peut-être pris en compte par n'importe quelle personne ; l'acteur ne'' fait pas l'acteur'', il ne recherche pas une certaine cohérence entre gestes, mouvements et voix et travaille plutôt à leur dissociation ; Toshiki Okada ne semble pas non plus vouloir s'astreindre à l'idée d'une situation à jouer ou à montrer. Du point de vue de l'esthétique théâtrale le travail de Toshiki Okada paraît vraiment d'une grande richesse mais d'un point de vue du plaisir du spectateur quelconque il peut être un peu rebutant à moins que son travail sur le langage, l'argot des jeunes japonais contemporains, n'ait pu être traduit en français.
Charles Zindor.
Hot Pepper, Air Conditioner and the Farewell Speech/ The Sonic Life of a Giant Tortoise Mise en scène : Toshiki Okada
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