HASKELL JUNCTION

TnBA – Théâtre du Port de la Lune  
Place Renaudel
33032 Bordeaux
Tel : 05 56 33 36 80

Jusqu’ au samedi  21 octobre 2017
Mardi, mercredi, jeudi, vendredi  à 20h / Samedi à 19h (Relâches 15 & 16 octobre)

 

 

Haskell Junction loupePhoto © Frédéric Desmesure

Haskell Junction a tout de l’art conceptuel contemporain : intrigant mais vite fatigant si on n’a pas les codes. Ainsi, pendant la première heure, le spectateur se trouve-t’il  prisonnier d’une série de tableaux tous plus énigmatiques les uns que les autres. Visuellement et sur le plan de l’univers sonore omniprésent, cela pourrait éventuellement passer… sauf que les scènes s’éternisent. Au hasard, évoquons deux pionniers enivrés luttant contre une tempête de neige, une énorme chenille se goinfrant d’on ne sait quoi, une femme nue entourant son corps de bouteilles à l’aide d’un rouleau de scotch (le corps de la femme nue est d’ailleurs souvent exploité), un Pokemon géant, les Beatles en personne etc. etc. ! Le tout délivré dans la langue de Shakespeare dont la traduction peut se lire sur des pancartes et des sapins suspendus à l’envers. Serait-ce un premier indice ? Marcherait-on sur la tête ? En tout cas depuis une heure, oui !

Seul point commun  sensé et central, une frontière imaginaire symbolisée par un trait noir au sol qui divise la scène. Un point de frontière entre le Canada et les USA érigé à la fin du XVIIIème siècle, où a été construit, à cheval sur les deux pays, la petite ville de Stanstead ! « Stanstead » un leitmotiv qui tourne en boucle tout au long de la pièce.

Et au moment où l’on pourrait rendre les armes, partir ou s’endormir par exemple (ce que le metteur en scène provoque probablement sciemment) bingo !  La projection d’une vidéo explicative avec images d’archives sur l’histoire de Stanstead, rythmée et en français,  vient sauver le tout… au point que l’on sent presque les soupirs de soulagement dans le public, comme si le film venait racheter la première partie déconcertante. En fait, les images théâtrales fortes et à priori absurdes, qui ont eu le temps de s’ancrer visuellement dans notre cerveau dans un premier temps, s’enclenchent parfaitement dans un puzzle dont Stanstead est la clé et plus précisément son théâtre. En effet, le « Haskell Opera House », construit sur la frontière, offre la particularité d’avoir son plateau au Canada tandis que sa salle est aux Etats-Unis. De cette caractéristique improbable,  Renaud Cojo s’est inspiré pour élaborer une odyssée paysagère qu’il met en perspective avec l’actualité. Après avoir perdu le public pendant une bonne partie de la représentation, il le récupère en lui livrant en vrac les éléments fondateurs de cette épopée urbaine qu’il associe à la crise migratoire, notamment depuis l’attentat terroriste de 2001 qui a renforcé les frontières. Très belle scène finale où des corps échoués gisent à terre face à l’indifférence du Monde.

Pas vraiment axé sur la séduction mais plutôt sur le fond, Haskell Junction porte une démarche intéressante. Maintenant il faut accepter d’être « largué » pendant une heure sans le moindre  biscuit  pour se sustenter. Juste patienter ou se laisser imprégner par les tableaux (c’est pas gagné !) dans l’attente de la récompense finale.

Patricia Lacan-Martin

 

Haskell Junction

Avec François Brice, Renaud Cojo, Elodie Colin, Catherine Froment, Christophe Rodomisto

Conception et mise en scène Renaud Cojo /
Film Renaud Cojo et Laurent Rojol /
Scénographie Philippe Casaban et Éric Charbeau /
Lumière Denis Louis et Éric Blosse /
Son Johan Loiseau /
Costumes Odile Béranger et Muriel Liévin

 

Production Ouvre le chien

Coproduction Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine, OARA - Office Artistique de la Région NouvelleAquitaine, Nest centre dramatique national de Thionville, MA scène nationale de Montbéliard, Théâtre des Treize Arches scène conventionnée de Brive, Théâtre des Sept Collines scène conventionnée de Tulle, Théâtre Ducourneau Agen scène conventionnée Avec le soutien de l’OARA - Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine et d'une résidence d'écriture au Chalet Mauriac, propriété de la Région NouvelleAquitaine à Saint-Symphorien

Production / Diffusion Vanessa Vallée Administration Thierry Rousseau assisté de Anne Dulucq  

Durée estimée 1h30

 

 

En Tournée :

> 6 février 2018 - Les Sept Collines - scène conventionnée de Tulle 

> 9 février 2018 – MA Scène Nationale Pays de Montbéliard 

> Du 20 au 22 février 2018  -NEST- CDN de Thionville 

> 18 mai 2018  -Théâtre Ducourneau, Scène conventionnée d’Agen – Festival la Tête à l’envers

 

Mis en ligne le 14 octobre 2017