Des histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe  (1809-1849) servies par la langue exquise de Charles Baudelaire(1821-1867), pour qui l'auteur américain  était comme son double ; histoires mises en espace par Agathe Mélinand / Laurent Pelly directeurs associés du théâtre de la cité. Espace émergeant du brouillard, dévoilant ses portes. Portes dans le vagin de la nuit grosse des imaginaires. Portes par lesquelles des "personnages" loufoques et inquiétants, tout de noir vêtus, comme dans Le Roi Peste pénètrent. Portes de la vie, portes de la mort,  portes de nos angoisses, portes de nos peurs, portes de nos terreurs face à l'existence, face à la mort, seule certitude. Portes qui s'ouvrent sur la scène. Scène air de jeu, espace des apparitions, espace confluents où se croisent, se rencontrent, se fécondent les imaginaires : Poe, Baudelaire, acteurs de l'atelier volant, Agathe Mélinand / Laurent Pelly, spectateurs. Les multiples portes, ouvertes ou fermées attribuent à la scène le statut d'espace de transition. Comme dans la vie dans laquelle on ne fait que transiter, elle accueille, s'adapte et fait résonner nos craintes et nos fantasmes tandis que la clepsydre se vide.

Ces histoires extraordinaires posées dans la nuit noire rayée d'un trait blanc, trace d'une fille amoureuse, fantôme, dont la vie fut bue par la toile du peintre dans Le Portrait ovale, sont portées par les corps et les voix des comédiens et comédiennes de l'Atelier volant. L'Atelier volant existe depuis 5 ans. Il accueille pour un an en contrat de professionnalisation, après audition, chaque année sept comédiens et comédiennes  de 25 à 26 ans. Au cours de cette année les comédiens travaillent avec des metteurs en scène invités et participent à la vie du Théâtre National de Toulouse (TNT). C'est une belle opportunité pour des jeunes comédiens et comédiennes qui ont au moins deux ans de formation et qui ne sont pas encore intégrés dans le milieu professionnel.

On peut saluer leur énergie et leur engagement dans ce travail, gratifié par les applaudissements nourris des spectateurs.

Mais il semble cependant que le statut accordé au texte n'est pas toujours très clair pour les comédiens. S'agit-il d'un texte narratif ou s'agit-il d'une pièce de théâtre ?  Dans Le Portrait Ovale et dans Silence, le statut narratif  semble avoir été intégré. Dans la première, la comédienne tout de blanc vêtue, comme un fantôme qui hante les espaces, semble s'être positionnée comme conteuse ; dans la seconde  le texte est  porté par deux comédiens dont l'un d'eux est plus dans la position du narrateur, travail qui rappelle celui effectué  pour  Short Stories de Tennessee Wiliams, saison 2012-1013). Dans ces deux cas, j'ai mieux entendu le texte.

Charles Zindor

 

 

Edgar Allan Poe - Extraordinaires
Regard(s) 3 Incroyables et merveilleuses

Adaptation Agathe Mélinand
Mise en scène, scénographie et costumes Laurent Pelly