CHRONIQUES D’UNE HAINE ORDINAIRE |
Célestins Théâtre de lyon Excellente performance pour les deux comédiennes qui se partagent la scène dans la peau de Desproges. C'est en musique que le spectacle commence, c'est en chanson qu'il se termine. Pas un moment de répit pour faire honneur à la rhétorique acerbe de l'auteur disparu en 1988. Qu'est-ce que le bonheur ? Comment définir l'amour ? Qui a droit au paradis ? De grandes questions existentielles qui sont tournées et retournées sans qu'on en sache plus à la fin de la réflexion. Le public a alors droit aux détails des pratiques homosexuelles et hétérosexuelles, à la véritable histoire de Robinson Crusoé Dans un décor sobre, le metteur en scène a choisi de mettre en valeur les talents des deux actrices qui vivent les textes de Desproges jusqu'au bout des ongles. Un éclairage chaleureux de rouges plus ou moins intenses accompagne l'humour cru des textes d'un auteur inclassable. Cette pièce offre la redécouverte des subtilités sarcastiques du bouffon tragique et rappelle oh combien il manque. La complicité des deux comédiennes balade les spectateurs dans un tourbillon de cogitation poussant les limites du politiquement correct. Imprévisibles et dissipées, elles ne manquent pas l'incontournable clin d'œil au cancer. Autodérision, humour mordant, vocabulaire raffiné, phrase alambiquée quand un public voyeur paye pour voir deux exhibitionnistes !
Corinne Charvin
Chroniques d'une haine ordinaire Textes de Pierre Desproges Avec : Christine Murillo et Dominique Valadié Décor : Laurent Peduzzi
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