CARMEN DE LA CANCIÓN
Fest'hiver 2019
Théatre des carmes
Carmen de la Cancion
31 janvier 21 h
Carmen de la Canción, un portrait décapé au Théâtre des Carmes
La Compagnie du i a été fondée en 2010 en basant ses préoccupations sur l'humain dans ce qu'il a de vulnérable et d'intime. Ils recherchent l'individu dans son moi profond et donc dans ses faiblesses.
Leur dernier spectacle « Carmen de la cancion » est le portrait d'une chanteuse lyrique qui fait un retour à la scène après une longue absence.
Avant que ne commence le spectacle les spectateurs sont déjà plongés dans une atmosphère empreinte de précipitation, de temps qui passe, de questionnements. On ressent une gêne provenant de la scène, rien ne va comme il faut semble-t-il et pourtant rien n'arrive. Quand le rideau s'ouvre, que la diva est en scène tout à l'air de s'accomplir normalement et pourtant c'est laborieux, tout est laborieux.
Cette diva qui vit dans ses souvenirs réels ou inventés on ne sait et qu'importe, elle traîne une malle de désirs refoulés, d'amours délabrés. Mais elle reste digne, fière, hautaine comme doit l'être une cantatrice. On la suit donc dans les méandres de ses boites vides, de ses couacs répétitifs, et de sa relation amoureuse désastreuse.
Portrait d'une femme fragile, dont les méandres de la pensée sont insondables.
Mathilde Dromard est une magnifique clown blanc dans la justesse de ses gestes, la persistance de ses positions les plus insolites, le ridicule de ses situations.
Nolwenn le Doth est sa traductrice, sa percussionniste, sa femme à tout faire, tâche qu'elle accomplit avec beaucoup de dévotion et d'application.
Célyne Baudino est la musicienne, personnage un peu lunaire, au piano ou à la guitare fidèle accompagnatrice qui donne volume et tempo à la pièce.
Un choix de musiques très éclectiques allant du fameux « l'estaca » de Luis Llach chant très politique catalan au « Cucurucucu » sud-américain espèce de chant sirupeux d'une autre époque en passant par le morceau fétiche de Paolo Conte « Via con me » et les succès des années 70 « Le temps de l'amour » et « Fever »... mais ces musiques adaptées sont toutes emblématiques , référencées, connotées... elles drainent une foule de souvenirs avec elles.
Enfin ces trois femmes présentent une ode à la femme sorte de cocktail rempli d'humour, avec une tranche de délicatesse et un zeste de folie.
Si elles suivent Carmen dans sa quête amoureuse, c'est sans grande conviction, on les sent blindées face à ce cheval de course en fin de carrière. C'est décalé, surprenant.... À voir cet été lors du festival.
Jean Michel Gautier
Carmen de la Canción
de la Compagnie i
élaboration collective
avec Celyne Baudino, Mathilde Dromard, Nolwenn le Doth
mise en scène Thibault Patain, Mathilde Dromard
Mis en ligne le 1er février 2019