Théâtre du Balcon
38 rue Guillaume Puy
84 000 Avignon
Réservation au 04 90 85 00 80

Le 22 et 23 janvier 2016

 

 

Pour la réouverture du Théâtre du Balcon.... « Assoiffés », une pièce onirique et sensible.

 

0n se demande au départ pourquoi cette boîte au centre de l'espace, pourquoi ce titre ???

Tant de questionnements et si peu de réponses à l'ouverture du rideau.

La boîte s'anime, de là vont surgir plusieurs personnages et l'intrigue va naître. Lente avancée qui prend ses racines dans le temps passé, comme une quête initiatique à l'envers, comme un parcours fléché dont on ne connaît rien, les flèches vont et viennent, la construction se fait pourtant peu à peu sans déchirures, sans heurts.

On comprend que le personnage central, Boon, un écrivain raté dans le sens où il n'est pas écrivain alors qu''il souhaitait l'être, devenu anthropologue judiciaire, revient sur son passé à partir de l'examen d'un cadavre qui s'avère être celui d'un de ses camarades de classe, Murdoch. Alors en lui tout remonte, ses rêves, ses souvenirs....

Le spectateur peut s’interroger à son tour sur son passé, son parcours dans une société où il est donné de savoir mais pas toujours de comprendre.

Un immense cri de douleur canalisé par un texte et une mise en scène fort bien menés dans une scénographie dépouillée, inventive... mais percutante dans sa sobriété.

Les acteurs, très touchants, tant Claire Catuono en Norvège, que Vivian Fedel en Boon et Alexandre Streicher en Murdoch, nous emmènent sans encombre dans les dédales du récit.

En fin de compte « les assoiffés » c'est nous dans nos sièges de voyeurs renvoyés à nos problèmes intérieurs. Les questionnements de Boon et de Murdoch sont nos propres problématiques, que reste-t-il de nos rêves, de notre désir ?

Avons-nous mené notre barque à bon port, que sommes nous devenus ?

Wajdi Mouawad dans son texte parfois ironique adresse un regard à notre société avec bienveillance. Il considère que tel un scarabée qui se nourrit des excréments des autres animaux, l'auteur peut lui aussi accommoder les déchets de la société pour y puiser son verbe. Ce Libanais d'origine, adopté par la France et élevé par le Québec tire avec bienveillance sur notre siècle pour donner à ses personnages une profondeur dont nous pouvons nous approprier les défroques.

Cette pièce de la jeune compagnie le Bruit de la Rouille dans une mise en scène de Benoit Vermeulen marquait la réouverture du théâtre du Balcon qui avait fait peau neuve avec un espace accueil lumineux. Si tout le programme qui va suivre est du même tabac ne doutons pas que nos neurones vont bien se porter.

Jean Michel Gautier

 

Assoiffés

de Wajdi Mouawad et Benoît Vermeulen
Cie le Bruit de la Rouille
Coordination artistique : Pierrick Bressy-Coulomb

Avec : Mélaine Catuogno, Vivien Fedele, Alexandre Streicher.