ANGELO, TYRAN DE PADOUE

Vu au NEST de Thionville
15 Route de Manom
57100 Thionville
Tél : 03 82 82 14 92

Et tournée :
– les 14, 15 et 16 janvier 2016 TIL, Théâtre ici et là, Mancieulles
– les 20, 21 et 22 janvier 2016, Centre Culturel Andrée Malraux,Vandoeuvre-lès-Nancy
– le 23 et 24 mars 2016, Comédie de l’Est, Colmar
– le 29 mars 2016 Scènes Vosges, Epinal…

 

Angelo, tyran de Padoue loupePhoto Arthur Péquin

Tout est modernisé. C’est le parti pris radical de la metteur en scène Cécile Arthus ainsi que de l’adaptation faite par Jean-Marie Piemme. Cette histoire écrite par Victor Hugo et censé se dérouler à Padoue au temps du rayonnement mondial de la République de Venise est transposée ici dans l’imaginaire bariolé d’une fête sans référents temporels.

Le plateau est couvert d’une nappe de ballons, des baudruches volent, des paillettes argentées tombent des cintres. Les costumes eux aussi sont sans époque. On a le sentiment d’une certaine décadence. Les hommes sont en robes et collants, les femmes ont marié les couleurs et les pièces de vêtement au petit hasard. Un esprit rock-and-roll flotte. L’un biberonne sa bouteille. Une autre attrape un micro pour souligner le sens des scènes.

On retrouve dans cette mise en scène tous les ingrédients des spectacles qui se veulent moitié corrosifs, moitié insolents, avec des adresses directes au public, des tirades propulsées par l’amplification, la réverb et des mouvements et des courses parfois purement graphiques.

L’œuvre de Victor Hugo a été concentrée autour des cinq personnages principaux et du chassé-croisé amoureux qui les agite : Angelo, le tyran, Catarina, son épouse  amoureuse d’un autre, Tisbé, une comédienne harcelée par Angelo mais amoureuse de Rodolfo qu’elle fait passer pour son frère et l’espion de Venise qui avance masqué dans cette mascarade.

Mais Hugo n’a pas écrit ce drame romantique dans le seul but de divertir et d’émouvoir. Il met ici en avant deux figures féminines fortes face à un pouvoir politique despotique qui voudrait faire d’elles des objets : Catarina et Tisbé, l’une au sommet du pouvoir, la seconde, en marge de la cité. Toutes les deux revendiquent le droit de disposer d’elles-mêmes. C’est un plaidoyer pour l’émancipation des femmes. C’est ce qui a intéressé sans aucun doute Cécile Arthus.

Peut-être, par peur du vide ou de la mauvaise compréhension, sa mise en scène déborde au point de brouiller un peu l’attention portée à l’histoire : les interventions d’une narratrice extérieure au drame, la multiplication de panneaux sur lesquels sont tracés des slogans, les armes à feu à profusion, les ballons à profusion, etc.

Les comédiennes et comédiens tiennent bien la gageure et se régalent à dire ce phrasé toujours un peu amusé d’Hugo qui, nourri au biberon Shakespeare, parvient à mêler les scènes d’un absolu comique avec des scènes d’un tragique poignant.

Dans la troupe deux interprètes brillent plus particulièrement : Estelle Meyer dans le rôle de Tisbé déploie une énergie formidable pour donner de la chair, du charme et rugueux à son personnage. Dans un registre presque opposé, fait de sobriété et de puissance tendue, Lazare Herson Macarel crée un Rodolfo d’une pertinence rare.

Bruno Fougniès

 

Angelo, tyran de Padoue

Texte Victor Hugo
Mise en scène et dramaturgie Cécile Arthus
Adaptation, écriture, dramaturgie Jean-Marie Piemme
Lumières et scénographie Sébastien Michaud
Conception visuelle, scénographie et costumes Ingrid Pettigrew
Régie générale, scénographie et construction Christophe Boisson
Musiques et son Clément Bouvier

Avec : Eugénie Anselin, Heidi Brouzeng, Lazare Herson Macarel, Fabien Marais, Estelle Meyer, Yann Berthelot, Vincent Chatraix

 

Mis en ligne le 18 octobre 2015

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