NADIE LO QUIERE CREER

Théâtre Sorano
35, allées Jules-Guesde
Toulouse
05 34 31 67 16

À la lumière de la mort

Premières images : quatre formes humaines habillées en manteau de fourrure devant des ventilateurs, dernière image un mannequin en manteau de fourrure assis sur une chaise, face publique. Nous sommes au théâtre. Et ce soir c'est l'histoire de trois ombres, âmes bloquées à l'étage du purgatoire, entre le paradis et l'enfer, peut-être. Ils ont l'éternité devant eux et derrière eux ; ils ont l'éternité pour eux. Mais quoi faire ? Que peuvent-ils faire ? Comment faire couler le temps immobile, congelé de l'éternité sinon en se mettant soi-même en mouvement ? Mais quoi jouer, quoi raconter sinon ce qui a déjà été raconté, ce qui a déjà été joué ? Qui jouer sinon soi-même ? Quels rapports sociaux jouer sinon ceux que l'on connaît ? Que jouer donc sinon la mémoire et ses failles ? à la lumière de la mort, de la déchéance du corps, les trois comédiens de la troupe Zaranda - Théâtre instable de Basse Andalousie -s'amusent de nos attachement aux conditions sociales, aux choses, à l'argent, à tous ces fatras matériels qui encombrent nos mémoires et nos existences, délimitent nos corps et nos gestes et que nous chérissons et appelons richesse. Car dans le miroir de la mort tout cela sent et ressemble au dérisoire et c'est cet attachement au dérisoire qui semble retenir ceux qui ne sont ni vivants ni morts mais un peu des deux dans cet antichambre, le purgatoire, lieu d'expiation, où il ne fait ni trop chaud ni trop froid, comme dans un hypermarché où la température est constante et idéale et la lumière brille toujours d'un même éclat et où l'ennui guette.  

La Zaranda revendique un théâtre qui interroge l'existence et ce que nous en faisons,  un théâtre symbolique  qui se fiche du réalisme, qui fait exister autrement les objets en les arrachant  à leur quotidien. Une vieille horloge devient cercueil : l'idée du temps et de la mort condensée en un même objet.  C'est un théâtre qui se veut archaïque, qui se souvient des ses origines et qui se revendique comme artefact, un théâtre poétique et jouissif qui libère l'imaginaire.

En ces temps où le capitalisme tangue, brinqueballe fortement ; en ces temps où l'on ne parle que de dette, de faillite et de croissance ; en ces temps qui promeuvent l'avoir plutôt que l'être, la mort a probablement quelque chose de gai et de sage à susurrer à ceux qui veulent bien tendre l'oreille, quelque chose qui a été dit depuis longtemps déjà, depuis la nuit des temps, mais que nous aimons oublier : tout est vanité. Le chameau est devenu lion, le lion est devenu enfant et Dionysos danse nu et entraîne Apollon dans la danse.

 

Charles Zindor

 

Distribution

Personne ne veut y croire / La patrie des spectres - Nadie lo quiere creer / La patria de los espectros - Eusebio Calonge - La Zaranda - Théâtre instable de Basse Andalousie.

Avec Gaspar Campuzano, Francisco Sanchez et Enrique Bustos.

Direction et espace scénique Paco de la Zaranda.

Musique Groupe Cimarrona Acseri du Costa Rica Antonio Rodriguez de Hita - « O gloriosa Virginum ».

Eclairage Eusebio Calonge.

Coordination des transports Eduardo Martinez. Taxidermie lataxidermia.com

Distribution Maite Guisado.

 

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