NEVROTIK HÔTEL
Espace Mitterrand
Place Philibert Renaud
46100 Figeac
Le 31 juillet 2018 à 21h30
Créé ici même à Figeac il y a deux ans avant de tourner et de rencontrer un succès incontestable aux Bouffes du Nord notamment, revoici donc Nevrotik Hotel. revenu sur sa terre d'origine. Et il faut reconnaître que c'est toujours un délice de pouvoir admirer sur scène la performance magistrale de Michel Fau dans un registre qui lui sied si bien, et qui semble lui plaire autant qu'à nous et dont il a d'ailleurs fait une véritable marque de fabrique auprès du grand public : il incarne donc avec talent une pseudo-diva vieillissante, excessive et farfelue et au talent moins évident que l'orgueil qui l'anime. Dans Nevrotik Hotel, Michel Fau a teint en blond son personnage du Récital emphatique, il s'est flanqué d'Antoine Kahan pour lui donner la réplique tandis que son fidèle pianiste Mathieu El Fassi est accompagné d'un accordéoniste et d'une violoncelliste mais il reste à peu près la même Castafiore très névrosée en manque d'amour, qui vit dans le souvenir d'une hypothétique gloire passée et qui voudrait que le monde entier soit à son service. Capricieuse et provocatrice, elle clame sans complexe : « Je veux qu'on m'aime pour mon argent ! » et réclame obéissance au personnel de l'hôtel dans lequel elle débarque mais se prend vite d'affection pour le groom et lui propose un contrat d'un genre étrange. Assistons-nous à un drame de l'existence ou à une comédie musicale, grâce à de jolies chansons (notamment signés par Michel Rivgauche) ? Entre Lady Margaret et le boy, se noue-t-il une passion amoureuse ou un asservissement pervers ? Car la diva est à la fois tendrement insupportable et odieusement attachante et, dans sa complexité, interroge le besoin d'amour, le rapport à l'autre et les relations de domination. Mais nous ne sommes pas dans The Servant :le public rit et rit même beaucoup.
C'est peu de dire que Michel Fau est extraordinaire. Il lui suffit d'un geste, d'une attitude, d'une légère minauderie, d'un regard lancé avec ses faux cils, d'une pose un peu appuyée ou d'une simple réplique pour nous embarquer dans son univers de fantaisie et d'extravagance. Comme la diva qui demande à son boy de jouer pour elle et avec elle pendant ses pauses, ce spectacle offre un espace de liberté, à l'écart du sérieux de la vie quotidienne. L'ensemble est improbable comme le décor kitsch rose bonbon et même si l'évolution de l'intrigue peut décevoir, c'est un pur moment de jeu, d'humour décalé et de plaisir... névrotique ?
Frédéric Manzini
Nevrotik Hôtel
Trame et dialogues : Christian Siméon
Mise en scène : Michel Fau assisté de Damien Lefèvre
Décors : Emmanuel Charles
Costumes : David Belugou
Lumières : Joël Fabing
Maquillages : Pascale Fau
Piano : Mathieu El Fassi
Accordéon : Laurent Derache
Violoncelle : Lionel Allemand
Avec : Michel Fau (Lady Margaret) et Antoine Kahan (Antoine)
Mis en ligne le 2 août 2018