RACINE ou LA LEÇON DE PHÈDRE
Salle la Balène – Figeac
Mercredi 26 juillet à 20h00
Anne Delbée est amoureuse de Jean Racine depuis l’enfance. Elle le connaît sur le bout des doigts. Autant sa vie que son œuvre qu’elle a jouée sur toutes les plus grandes scènes. De sa formation de comédienne éclate ses qualités de tragédienne. Elle fait partie des grandes actrices capables de dire avec la précision la plus fine les alexandrins du dramaturge. Et c’est là l’objet du spectacle qu’elle présente ici.
Comme une pierre qui ricoche et trouble le calme de nos certitudes, elle vient bousculer l’image que l’on se fait d’un de nos plus grands auteurs dramatiques.
Seule en scène, presque sans aucun artifice, vêtue comme une saltimbanque, elle nous raconte à petites touches Jean Racine. Un Racine différent de celui qu’on imagine drapée dans sa notoriété de marbre.
Il est jeune et précoce au même titre que Rimbaud. Corneille et Molière pourraient être son grand-père et son père. Il vient de nulle part. Orphelin de petite extraction il a la chance d’être éduqué en l’Abbaye de Port Royal janséniste. Mais il se fait remarquer de Louis XIV qui est aussi jeune que lui, à l’âge de 25 ans.
Anne Delbée nous raconte ainsi les épisodes marquant de la vie de l’auteur, mais elle met aussi en œuvre l’art de déclamer un texte en alexandrin.
Pourtant, à l’inverse d’un Luchini, d’un Jean Piat ou d’un Jacques Weber ou de tout autre diva de la scène théâtrale qui s’emparent des grands auteurs avec l’apparence d’une totale maîtrise, Anne Delbée ose montrer presque de la timidité, de la fragilité, de la sensibilité.
Malgré cela, il y a leçon : sur le verbe racinien, sa rareté, sa force et surtout la remarquable particularité que toute l’émotion possible du personnage est dans le vers. Comprise. Incluse. Et qu’il suffit de respirer la phrase, pour que l’émotion jaillisse. Le souffle provoque le sentiment.
Plus facile à dire qu’à faire.
Une très jolie plongée dans les grands textes de Racine mêlée d’une belle évocation de l’auteur grâce à des projections à la fois simples et intemporelles.
Anne Delbée va même jusqu’à slamer Racine, ce qui n’est pas forcément éclairant, mais tout le reste donne envie de se replonger dans Andromaque, Bérénice et bien sûr Phèdre.
Bruno Fougniès
Racine ou La Leçon de Phèdre
Texte, mise en scène et jeu, Anne Delbée
Mis en ligne le 27 juillet 2017