ROSE MEXICAIN

La mousson d’été 2016

Rencontres théâtrales internationales

Abbaye des Prémontrés

Pont-à-Mousson

Lecture le 26 août 2016 à 18h00

 

loupe 

Un texte qui suit un double fil narratif :

D’un côté un conte grouillant de références érotiques et troublantes, vapeurs d’une « Alice au pays des merveilles » et d’une bonne partie de la mythologie enfantine où les objets se mettent à vivre, les animaux à parler et les hommes à devenir des ogres aux mœurs étrangement perverses.

De l’autre la fausse réalité du monde des médias, télévisions, séries pseudo romantiques, novelas  et starifications de n’importe quel clampin incarnant un de ces héros pixellisés.

Deux visages du monde : l’univers des contes, l’univers des sitcoms qui vont se refermer sur l’héroïne et l’avaler comme ferait la mâchoire d’un monstre.

Au centre, l’héroïne de l’histoire : Flor, à l’âge où les rêves d’enfant se heurtent au réel.

De ces deux univers qui semblent si étrangers l’un à l’autre, une lumière commune finit par naître. Ou plutôt le contraste éblouissant entre l’excès de clarté et le sombre le plus impénétrable. C’est bien là le sens principal de cette histoire. La part obscure qui se cache au fond des êtres. Il s’agit finalement de l’assassinat, au propre comme au figuré, de l’innocence. Une innocence condamnée d’avance dans un monde intégralement corrompu, pervers et perverti où toute bienveillance est absente.

Pour mettre en action ce récit, l’auteur mexicain Luis Ayhllon trace des caractères extrêmement ciselés, des caractères forts, presque caricaturaux : une jeune fille naïve amoureuse d’un rêve, un acteur de novelas dopé au succès et à la coke, une mère sans état d’âme et sans plus aucunes illusions sur l’amour ni l’affection, une sœur sans scrupule. Même les êtres imaginaires de la forêt, renards, lapins, ours sont retords et soumis aux nécessités économiques. Une image du Mexique actuel, dit-il.

Une écriture volontairement trempée d’autodérision qui emploie le reflet inoffensif du langage populaire, quotidien. La dynamique de sa pièce tient à la fois à l’emploi de ces répliques courtes, efficaces, en termes d’actions qu’à l’entrelacement qu’il noue entre les scènes du réel et la narration du conte faite par l’héroïne elle-même. Un peu comme un montage de film mais dans un respect de la chronologie.

Véronique Bellegarde a demandé à ses comédiens d’interpréter leurs personnages dans l’excès, creusant un peu plus profondément leurs traits de caractère. Une démesure qui fait ressortir le côté épique de la pièce mais qui noie par moment l’émotion et le drame dans les rires et la fantaisie.

Bruno Fougniès

 

Rose mexicain

De Luis Ayhllon
Texte français de David Ferré
Lecture dirigée par Véronique Bellegarde
Musique Vassia Zagar

Avec Victoire Bélézy, Guillaume Durieux, Alain Fromager, Catherine Matisse

 

Mis en ligne le 5 septembre 2016