MES FRÈRES – Film
Sortie le 4 juillet 2018
Puis en festival aux U.S.A. et Allemagne
RIFF – 2018 - Richmond International Film Festival (USA)
Independent Days – 2018 – International Filmfestival Karlsruhe (Allemagne)
Et une quinzaine d’avant-premières partout en France d’ici juillet
(La liste des projections ici : http://www.mesfreres-lefilm.com/dates-de-projections.html)
Une fois n'est pas coutume, voici un article cinéma, dans un film où nous retrouvons David Arribe, qui nous avait impressionnés dans La mante au Festival de théâtre en français de Barcelone.
Trois éléments cruciaux viennent à l’esprit après avoir vu ce film : la lumière, la musique et la force des personnages.
La lumière d’abord. Grand écart entre les flashs de la nuit de concerts, de bars, de boîtes et le flot irradiant de pureté du soleil sur la mer. Deux tons : nuits, jours.
La musique omniprésente. Mes frères suit le destin d’un groupe rock des années 90 de son zénith jusqu’à ce qu’à l’accident. Toutes les scènes, toutes les histoires sont portées ici par une présence musicale qui participe totalement à la narration. Forte d’émotion. Forte de ruptures.
Enfin les personnages que la caméra regarde avec une fascination contagieuse. Une poignée de personnages, pas plus, avec au centre deux frères et une sœur. Et au centre du centre un enfant comme une porte ouverte sur l’avenir. Notre présent.
L’histoire raconte le destin fauché en plein vol d’un groupe rock (dont les déchaînements scéniques font échos à d’autres groupes, des Doors jusqu’au Sex Pistols) : folie des concerts, tournées dans un petit van pop, abus de toutes sortes. Une bande de jeunes en mode live, alive, full of life. L’univers est ici profondément inscrit dans la culture américaine. Mais l’histoire, elle, se déroule bien sur le vieux continent, dans la province française.
Toute la construction du film alterne entre une narration vive, intense, sonore et une contemplation du vivant pleine et entière. Une construction qui ressemble au caractère du personnage principal, extrême, Rocco, ancien leader du groupe dont une maladie dégénérative ronge le corps. Un caractère emporté, doublé d’une conscience chargée d’un remord sans rémission, lui non plus.
C’est sur une île au large des côtes atlantiques que se déroule l’histoire (le tournage a eu lieu en partie sur l’Île d’Yeu). C’est là que les deux frères du groupe se sont réfugiés avec un fils. Ils vivotent grâce aux concerts donnés dans un bar du village. Eddy le guitariste ne parle plus, comme s’il avait fait vœu de silence, Rocco porteur d’un reste de l’énergie dévastatrice du rock se bat contre l’avancée de la maladie de l’Homme de Pierre (de son nom scientifique FOP : Fibrodysplasie Ossifiante Progressive) qui peu à peu statufie ses mouvements.
Tous les deux portent un secret. De ces secrets impossibles à révéler, cause de la fin de leur épopée musicale. C’est peut-être la thématique la plus forte de Mes Frères : le silence de pierre posé sur des drames et la manière dont la chape de plomb peut être fissuré. Dix ans de silence.
Avec cette histoire qui porte un drame lourd, pesant à chaque scène, intrigant (car le scénario de Sophie Davout ne laisse deviner qu’au compte goutte chaque indice) Bertrand Guerry parvient à raconter une histoire où la luminosité, la chaleur humaine et la soif de vivre priment. Pour cela, il s’attache essentiellement à l’esthétique, à la dynamique d’une bande son fourmillante de références mais aussi de créations, mais également à l’interprétation et la construction des personnages.
La caméra ne cesse de les chercher, de les surprendre, de les interroger. Un peu à la manière de Wim Wenders, celui de Paris Texas. Chercher dans les regards, les silences, les corps, des réponses, des indices, la palpitation de la vie. Et la distribution et le jeu d’acteur sont à la hauteur de cette précision.
Le film parvient ainsi à dépister la solitude profonde des personnages en traquant le regard, le geste, le silence avec une pudeur inouïe et une envie réelle de sincérité.
Mes Frères fonctionne avec tout ce qui fait l’esprit rock, un montage nerveux, des incursions musicales dynamiques, une narration qui fonctionne en vision / apparition, sans rechercher toujours une logique cartésienne, une logique tout court, parfois au bord du surréalisme. C’est ainsi que les imaginaires dans la salle sont provoqués. Et parfois nous parviennent l’esprit d’une ballade sensible au travers des paysages un peu féériques de l’Île d’Yeu, paysages de vacances hors saison où la nostalgie et l’attente du lendemain se tressent.
Bruno Fougnies
Mes Frères
Les Sons :
Talisco, Philémon Cimon, les Black Lilys mais aussi Manu Chao, Eddy La Gooyatsh, Tana & The Pocket Philharmonic, Pash Gang, Requin Chagrin, Ewan MacColl, Clément Ducol, Mathieu Ben Hassen…
FOP : Fibrodysplasie Ossifiante Progressive la maladie de l’Homme de Pierre
Réalisateur BERTRAND GUERRY
Scénario SOPHIE DAVOUT
Chef opérateur image HENRI DE LABBEY
Chef opérateur image (Le Mans) DAN MEYER
Chef opérateurs son MATHIEU LEROY / GRÉGOIRE GERMAIN
Chef monteur ABEL REDON
Étalonnage ANNE-SOPHIE SCHBATH – JUSTICE
Effets spéciaux JÉRÉMY JUSTICE
Monteur son BENOIT RIOT LE JUNTER
Mixeur RAPHAËL MONIER
Crédits photos FLORIAN MARTIN-CINEMERSION
Musique originale CLÉMENT DUCOLMATHIEU BEN HASSEN
Avec
DAVID ARRIBE (Rocco), THOMAS GUERRY (Eddy), SACHA GUERRY (Simon), GUILLEMINE BOULTE (Juliette), SOPHIE DAVOUT (Lola), CHRIS WALDER (Monsieur Adams), CLÉMENT DUCOL (Alan), CLÉMENTINE DE GEOFFROY (Emma), JOSEPH GUERRY (Le Petit Garçon), FRANÇOIS TRALLOC (Le médecin)
Mis en ligne le 7 avril 2018