LES ÂMES OFFENSÉES
Théâtre Claude Lévy-Strauss
Musée du Quai Branly - Jacques Chirac
37 quai Branly
75007 Paris
Tél. 01 56 61 70 00
Les 11 et 12 mars 2017
Dans le cadre du week-end gratuit au Musée Jacques Chirac sur le thème “L’Ethnologie va vous surprendre !”, vaste programme éminemment subventionné et (sur)chargé. Nous allons donc assister aux trois conférences spectacles de l’ethnologue Philippe Geslin : Peau d’ours sur ciel d’avril, Le crayon de Dieu n’a pas de gomme, Avant le départ des gazelles. Nous voilà happés par le blockhaus culturel du quai Branly. L’aventure commence dès la descente des rangées de marches en béton, fer et linoléum, jusqu’au deuxième sous-sol, pour atteindre l’auditorium-théâtre, où l’accueil est glacial. Heureusement, les sièges sont confortables…
Le triptyque de Philippe Geslin traite, à tour de rôle et sous exactement les mêmes forme, concept et principe, des Inuit, des Soussou, et des Massaï.
Sur la grande scène, l’espace n’est pas occupé, une poignée d’improbables accessoires, littéralement jetés à droite, à gauche. Au centre, un écran sous forme de quasi-lune blanche qui, de par sa courbe, rogne les bords des images d’archives projetées, délavées. Comme une sensation de vue par le petit bout de la lorgnette…
L’ethnologue nous fait la lecture de ses carnets de voyage, un mélange de données scientifiques, mêlées à un vécu quotidien inévitablement exotique et des pensées personnelles. Le tout sur un ton mélancolique, monocorde. Il y a aussi par moments des voix off, mais dont le ton est las, le même. Et les bruitages, incessants, envahissants…
Les cris stridents de ces chasseurs Inuit qui s’adaptent à leur rude environnement des banquises du Groenland, les chiens de traîneau, les phoques et les divers quotas…
Le bruit agaçant des moustiques dans les mangroves de Guinée, le dur labeur des Soussou pour la production du sel, impact sur la déforestation...
Les rugissements de la savane en Tanzanie, cœur et âme de l’Afrique, où vit le peuple jadis nomade des guerriers-éleveurs Massaï, dont la vie a drastiquement changé a cause de l’engouement touristique mondial pour les “Safari”…
Nous recevons en vrac ces flopées d’informations géopolitiques, géographiques, historiques, mêlées à quelques anecdotes. Intéressant, pédagogique, peut-être, mais nous sommes submergés par tant d’informations. Tout va dans tous les sens, au propre, comme au figuré. Dans la salle, certains s’endorment, d’autres partent. Car il n’y a pas d’histoire à proprement parler, ce n’est pas construit.
Une mention très spéciale cependant pour l’admirable interprète en langue des signes qui, durant l’heure de lecture du “Crayon de Dieu n’a pas de gomme” a tout traduit avec grande assurance et conviction.
Faire découvrir le monde est nécessaire, passionnant, hautement louable et à encourager, sans modération. Essayer de faire, en une heure, à la fois du théâtre, une projection documentaire, un exposé scientifique, un récital poétique, une leçon de vie tout public, une narration exploratoire d’exploration sociale, et une conférence ethnoculturelle, est un pari bien trop hardi, le risque étant qu’aucun objectif ne soit réellement atteint. Dommage…
Luana Kim
Les Âmes offensées
Peau d’ours sur ciel d’avril, chez les derniers chasseurs Inuit
Le crayon de Dieu n’a pas de gomme, chez les Soussou de Guinée
Avant le départ des gazelles, Les guerriers Massaï
Conférences spectacles de l’ethnologue Philippe Geslin
Mise en scène, adaptation, scénographie, costumes de Macha Makeïeff
Mis en ligne le 13 mars 2017