ANATOMIE DE LA GASTRITE

La mousson d’été 2016

Rencontres théâtrales internationales

Abbaye des Prémontrés

Pont-à-Mousson

Lecture du vendredi 26 août 2016 à 20h45

 

loupe 

Il n’y est question que de morts, mais ce n’est pas une tragédie. Tout renvoie au symbolisme, à l’ironie voire au fatalisme. Le texte d’Itzel Lara est forgé grâce à un imaginaire multiple avec pour base la description d’une longue, vaste et indestructible dépression.

C’est l’histoire d’une femme qui n’a pas trouvé sa place : ni dans son enfance avec un père paysan machiste, ni dans sa vie avec un homme choisi presque par absence de choix.

On ressent l’envie presque irritante de se dépouiller à la fois de ce passé défaite, de ce père / autorité à présent moribond sans réussir à être digne de pitié, de ces attachements affectifs aux animaux de son enfance et ses traumatismes, et finalement de cet homme qui à la vertu d’être sensible et le défaut d’en être trop.

C’est une lutte en en 7 tableaux pour tenter de mettre en terre et dans l’oubli, à la fois le père mourant (et malgré tout hargneux), le chat mourant (cadeau du père) et finalement l’homme larmoyant (parce qu’il est végétarien et ne cesse d’éplucher des oignons) : faire le deuil, se libérer, trouver sa place véritable.

La psychologie, mère de toutes les défaites artistiques, est présente sous chaque scène nouvelle qui n’est finalement que la répétition ou la continuité répétitive de la précédente. Mais la drôlerie des dialogues et de l’interprétation attise l’intérêt à chaque nouvel échange entre les personnages.

Des personnages définis comme des fonctions. Pas de noms. Excepté pour la vache : Monica. Il y a La Femme, Le Végétarien, Le père, Le Chat (qui ne parle pas), Le réceptionniste. On est ici dans un théâtre de la pensée et pourtant, un théâtre qui développe un humour véritable, proche de l’absurde, humour que met résolument en avant Marcial Di Fonzo Bo qui a dirigé et participe à cette lecture.

Une dramaturgie qui fonctionne en cercle concentrique autour du thème central comme pour mieux fondre sur le sujet de l’étude et le barder d’enluminures.

Mais tout le texte regorge d’un ludique, d’un humour intellectuel, d’une manière de semer des indices susceptibles de provoquer un questionnement, une vision à fois désillusionnée mais amusée de la lutte sans fin pour acquérir un bonheur que l’on suppose quelque part exister.

Bruno Fougniès

 

Anatomie de la gastrite

De Itzel Lara (Mexique)

Texte français de David Ferré

Lecture dirigée par Marcial Di Fonzo Bo

Avec

Victoire Bélézy, Cécile Bournay, Marcial Di Fonzo Boet, Philippe Fretun

 

Mis en ligne le 5 septembre 2016