AMERICA LATINA
Fondation Cartier
261 boulevard Raspail
75014 Paris
Jusqu'au 6 avril 2014
Paolo Gasparini, El habitat de los hombres…, Caracas, Bello Monte, 1968.
© Paolo Gasparini
Jeudi 11h30 : Direction La Fondation Cartier. Fondée en 1984, extraordinaire exemple de mécénat d'entreprises, elle est un acteur majeur de l'Art Contemporain, à l'écoute des artistes du monde entier.
Dans le cadre magnifique du bâtiment de Jean Nouvel jouant de la transparence chère à l'architecte, et qui fait corps avec un extraordinaire jardin, elle offre en ce moment son espace privilégié à des photographes d'Amérique Latine qui à travers leurs œuvres nous parlent sans détours de cette région du monde hélas évocatrice pour beaucoup de violence, de mort, d'inégalités.
Illustrant le célèbre slogan « Le poids des mots le choc des photos », ils nous parlent à travers photos, montages, collages, mêlant images et textes, de ces pays qui ont connu dictatures, injustices, arbitraire, enlèvements, disparitions, tortures. Trouvant ainsi le moyen par d'habiles détournements de déjouer la censure.
C'est d'une violente beauté, d'une force saisissante, d'une brutale poésie, et, sous la conduite éclairée de Leanne Sacramone, conservatrice et commissaire de l'exposition, on avance de salles en salles le cœur serré dans un parcours empreint d'une incroyable émotion.
Quatre thèmes nous sont ainsi proposés : Territoires, Villes, Informer-Dénoncer, Mémoires et Identités. Comme autant de témoignages d'un passé encore tout proche et peut-être du commencement d'un travail de mémoire impératif et nécessaire.
Parfois la violence nous éclate au visage, armes, sang, corps étendus. Ou on la devine cachée derrière des associations d'une grande force comme dans cet ensemble nous parlant de femmes disparues et qui se termine par la photographie d'un quartier de viande. Percutant !
Et puis aussi une série de textes tapées à la machine, pris dans des journaux et racontant d'horribles faits divers, simplement collés sur du papier photo resté blanc car non passé au révélateur. Au visiteur d'imaginer la photographie qui aurait du illustrer le texte. Impressionnant.
Ou encore ce carton de lait Gloria. Anodin à première vue. Sauf lorsqu'on nous explique que les cendres des personnes disparues étaient rendues à leurs familles dans ces cartons-là.
Eduardo Villanes, sans titre, série Gloria Evaporada, 1994.
C'est un voyage dont on ne sort pas indemne, mais bouleversé, pressé de questions. Un voyage à faire absolument. Une réalité à regarder en face comme ils l'on fait, eux, tous ces artistes venus de ces différents pays si loin de notre Europe. Un cri que l'on se doit d'entendre.
Nicole Bourbon
Artistes de l'exposition :
Elías ADASME (Chili), Carlos ALTAMIRANO (Chili), Francis ALŸS (Mexique), Claudia ANDUJAR (Brésil), Antonio Manuel (Brésil), Ever ASTUDILLO (Colombie), Artur BARRIO (Brésil), Luz María BEDOYA (Pérou), Iñaki BONILLAS (Mexique), Oscar BONY (Argentine), Barbara BRÄNDLI (Venezuela), Marcelo BRODSKY (Argentine), Miguel CALDERÓN (Mexique), Johanna CALLE (Colombie), Luis CAMNITZER (Uruguay), Bill CARO (Pérou), Graciela CARNEVALE et le Grupo de Artistas de Vanguardia (Argentine), Fredi CASCO (Paraguay), Guillermo DEISLER (Chili), Eugenio DITTBORN (Chili), Juan Manuel ECHAVARRÍA (Colombie), Eduardo Rubén (Cuba), Felipe EHRENBERG (Mexique), Roberto FANTOZZI (Pérou), León FERRARI (Argentine), José A. FIGUEROA (Cuba), Flavia GANDOLFO (Pérou), Carlos GARAICOA (Cuba), Paolo GASPARINI (Venezuela), Anna Bella GEIGER (Brésil), Carlos GINZBURG (Argentine), Daniel GONZÁLEZ (Venezuela), Jonathan HERNÁNDEZ (Mexique), Graciela ITURBIDE (Mexique), Guillermo IUSO (Argentine), Alejandro JODOROWSKY (Chili), Claudia JOSKOWICZ (Bolivie), Marcos KURTYCZ (Mexique), Suwon LEE (Venezuela), Adriana LESTIDO (Argentine), Marcos LÓPEZ (Argentine), Pablo LÓPEZ LUZ (Mexique), Rosario LÓPEZ PARRA (Colombie), LOST ART (Brésil), Jorge MACCHI (Argentine), Teresa MARGOLLES (Mexique), Agustín MARTÍNEZ CASTRO (Mexique), Marcelo MONTECINO (Chili), Oscar MUÑOZ (Colombie), Hélio OITICICA (Brésil), Damián ORTEGA (Mexique), Pablo ORTIZ MONASTERIO (Mexique), Leticia PARENTE (Brésil), Luis PAZOS (Argentine), Claudio PERNA (Venezuela), Rosângela RENNÓ (Brésil), Miguel RIO BRANCO (Brésil), Herbert RODRÍGUEZ (Pérou), Juan Carlos ROMERO (Argentine), Lotty ROSENFELD (Chili), Graciela SACCO (Argentine), Maruch SÁNTIZ GÓMEZ (Mexique), Vladimir SERSA (Venezuela), Regina SILVEIRA (Brésil), Milagros DE LA TORRE (Pérou), Susana TORRES (Pérou), Sergio TRUJILLO DÁVILA (Colombie), Jorge VALL (Venezuela), Leonora VICUÑA (Chili), Eduardo VILLANES (Pérou), Luiz ZERBINI (Brésil), Facundo DE ZUIVIRÍA (Argentine).
Commissariat de l'exposition :
Ángeles Alonso Espinosa, Hervé Chandès, Alexis Fabry, Isabelle Gaudefroy, Leanne Sacramone et Ilana Shamoon