GIÉDRÉ EST LES GENS
FESTIVAL BLEU BLANC RIRE
Institut français de Barcelone
Le 29 mars
Voilà un spectacle qui sort de l’ordinaire, un spectacle déroutant, dérangeant, qui fait rire (jaune, souvent) tout en apportant réflexion sur la société et le genre humain.
Giédré (c’est son vrai prénom, d’origine lituanienne) n’aime visiblement pas les personnages trop lisses. Elle dresse dans ce spectacle une galerie de portraits qui fait souvent froid dans le dos et le miracle est qu’elle parvient à déclencher les rires car elle a l’art et la manière de dire les choses. Elle est accompagnée de Sandrine, un musicien, personnage benêt qu’elle malmène avec tendresse et qui permet des intermèdes comiques.
Jolie blonde à la voix acidulée, son apparence contraste fortement avec les propos qu’elle tient, textes au vitriol, cruellement justes. À chaque titre elle enfile un costume qui permet d’identifier le personnage qu’elle va incarner. Et quels personnages ! Un exhibitionniste, un embaumeur, un ouvrier des abattoirs, une femme de ménage d’hôtel confrontée à la saleté des clients, un SDF, une religieuse qui se masturbe avec son crucifix, et bien d’autres encore. Elle se moque, étrille, pourfend, égratigne, raconte ce que l’on trouve parfois à la rubrique des faits divers, et les tabous volent en éclats.
L’exemple le plus frappant en est la chanson « Rho ça va », qui raconte sur une musique joyeuse à la Patrick Sébastien, une fête qui dérape en tournante. Une façon de dénoncer le viol à la limite du supportable où le rire devient pudeur permettant de dire l’indicible.
Un spectacle qu’on reçoit comme une claque et qui vous hante longtemps. Et qui clôt brillamment ce festival d’humour.
Nicole Bourbon
GiédRé EST les gens
De et avec Giédré Barauskaitė et Cédric Parras
Mis en ligne le 31 mars 2019