VIVRE NE SUFFIT PAS

ESPACE ROSEAU

8, rue Pétramale
84000 - Avignon

à 11h45
du 6 au 28 juillet

 

Vivre ne suffit pas loupe 

Vivre ne suffit pas... il faut davantage

 

Ils sont mariés depuis vingt ans et toujours aussi amoureux l'un que l'autre. Anna vient de guérir d'un cancer et reprend goût à la vie avec une énergie peu commune, elle veut vivre intensément, vivre plus encore et le couple devient trop étroit, elle a besoin d'air de renouveau, d'horizons différents... Elle aime toujours réellement Loïc mais sa maladie l'a transformée, elle a besoin de plusieurs vies pour rattraper le temps perdu et vivre intensément les années à venir. Elle propose à son mari un mode de fonctionnement entre eux qu'il n'apprécie pas au départ, mais il aime sa femme et comprend la soif qui l'atteint et à contre cœur accepte.

Dans un univers stylisé, un salon occupé par un canapé et derrière des claustras où filtre la lumière donnant accès aux autres pièces. C'est simple mais bien suffisant. Chaque scène est découpée par un intermède musical joué au piano et au violon, une coupure pour souffler, donner du temps au temps.

Le récit se déroule avec beaucoup de justesse, on comprend le besoin de vie qui saisit l’héroïne après le choc de sa maladie, quand la guérison est annoncée, c'est une libération qui enfin est là et il faut effacer les souffrances passées, les angoisses… il faut effectivement vivre et vivre avec intensité, la vie c'est si court.

Pernille Bergendorff est Anna, elle l'incarne avec une légère froideur nordique qui n'est étranger ni à sa silhouette ni à son accent, c'est absolument délicieux. Elle a une retenue, une force intérieure qui transparait sous ses propos, qui tissent la personnalité d'une femme forte et déterminée.

Philippe Ricaud est Loïc, il est amoureux et malgré la difficulté de ce que lui propose Anna, il accepte et rentre dans son jeu. Il est lui aussi déterminé mais il est sous influence, il a moins de force, plus de résignation....

Un récit très bien construit, très réaliste, qui prend en compte avec justesse le propos. Une écriture fort agréable interprétée et mise en scène avec bonheur. C'est comme un glaçon qui fond dans la gorge délicatement...

Jean Michel Gautier

 

Un deuxième « Regarts » :

Vivre ne suffit pas
ou la tyrannie du bonheur

 

S'il existe des phrases qui réchauffent le cœur, celle qui suit en est un bel exemple, et l'on souhaiterait l'entendre dans chaque cas :

Être atteinte d'un cancer… avec ensuite la guérison tant espérée !

Après plusieurs mois de souffrances vécus dans l'incertitude, Anna s'en est « sortie ».

Mariée depuis vingt ans avec Loïc dans une douce et douillette relation, un raz de marée s'empare d'elle. Son regard sur sa vie la bouleverse, son existence est chamboulée, le sentiment de l' avoir traversée  plutôt de l'avoir vécue.

Cette cicatrice qu'elle porte en elle et sur elle lui donne l'envie irrépressible d'une quête d'absolu, elle en veut davantage, désire rattraper ce bien être tranquille et aseptisé.

Frénétique, elle aime Loïc et ne veut surtout pas le perdre, mais elle veut la passion, vibrer chaque minute, vivre plusieurs vies sans en perdre une miette, le bonheur à tout prix... mais à quel prix… 

Elle propose à Loïc un marché, un choix féroce et dangereux. Loïc l'aime, il ne veut pas la perdre, il accepte. L'équilibre du couple devient fragile et périlleux, un bonheur inquiet malgré tout où s'immisce un poison.

Sa conception au détriment de l'autre peut-il produire l'inverse de l'effet recherché ? Sa tentative va-t-elle être efficace ?

La pièce se déroule dans le bel appartement d’Anna et de Loïc. Derrière des tentures, les autres pièces sont suggérées, un décor sobre et raffiné avec comme, point central de leurs échanges, un canapé qui trône. Une histoire subtilement découpée en tableaux successifs, l'horizon bleuté du ciel définit les nuits, les saisons, ponctués par des musiques où piano et violon véhiculent toutes les émotions.

Les comédiens sont éblouissants, ils nous captivent par leur jeu d'une extraordinaire finesse, un défi relevé avec brio. Leur jeu adhère à l'écriture réaliste et intime de Jean-Mary Pierre. Des questions s'imposent à nous, le bonheur est universellement recherché mais est-il atteignable ? Réaliser tous ses désirs rend il heureux pour autant ?

Pernille Bergendorff est belle, lumineuse et émouvante. Elle dégage une force altière et vulnérable, Philippe Nicaud a une belle présence, il exprime ses émotions avec brio et nous sommes captivés.

La mise en scène judicieuse d’Hélène Darche nous plonge dans une réalité, elle nous ramène à nous-mêmes et nous emporte.

Une histoire dure, tendre et violente qui va nous questionner et ne laisse personne indifférent.

Fanny Inesta

 

Vivre ne suffit pas

de Jean Mary Pierre
mise en scène Hélène Darche

avec Pernille Bergendorff  et Philippe Nicaud

 

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Mis en ligne le 9 juillet 2018