QUI SUIS-JE ?
11 Gilgamesh Belleville
11, boulevard Raspail
84000 Avignon
+33 (0)4 90 89 82 63
14h40
Jusqu’au 27 juillet
relâche le 18 juillet
C’est sous la forme d’un journal intime que se présente l’histoire de Vincent, collégien, qui va vivre son année de 3ème en direct devant nous. C’est d’ailleurs plutôt sous une forme de bande dessinée que Yann Dacosta, le metteur en scène, a décidé de nous présenter cette histoire.
En fond de plateau, un immense écran de projection sur lesquelles vont défiler, joliment inventés par le dessinateur Hugues Barthe, décors, scènes et certains personnages de l’histoire, croqués à vif en noir et blanc. Sur une estrade en avant-scène, Vincent (Côme Thieulin), debout, dans une adresse publique, presque en monologue sauf quand le personnage plonge dans l’histoire pour vivre les scènes en vrai, avec les deux comédiens qui l’accompagnent (Manon Thorel et Théo Costa-Marini).
Et cela débute comme une histoire presque banale : celle de l’adolescent pas très bien à sa place, pas très bien dans sa peau, qui souffre en cours de gym parce qu’il a un corps et une agressivité un peu trop faibles, qui semble transparent, victime des forts en gueule et en muscles, réduisant sa vie sociale à une « meilleure amie » et un « meilleur ami », et pour qui la vie, celle du collège ou celle dans sa chambre, est une sorte de journée sans fin absurdement répétitive et solitaire. Un fort en thème, mais faible partout ailleurs.
Un personnage touchant par son absence de méchanceté, par son innocence aussi. Et le souvenir pour chacun d’entre nous de diverses vexations, de multiples timidités vécues dans ce passage difficile de la prise de conscience de son être et de ses désirs qu’est l’adolescence. Un personnage que l’on va suivre durant toute cette année, presque au jour le jour. Une année décisive pour lui, qui se sent si différent des autres, une année où il va découvrir son attirance pour les garçons.
L’écriture de Thomas Gornet est simple, efficace, cherchant le langage parlé dans un présent perpétuel. Ses phrases sont presque toutes factuelles, comme si le héros de cette histoire, Vincent, était simplement le spectateur de sa propre vie : descriptif, sans presque jamais l’aveu d’une émotion. Une manière sans aucun doute de rendre compte de l’état presque désincarné dans lequel survit cet adolescent en quête d’identité.
Ce côté factuel dont le système pourrait lasser est parfaitement bien contrebalancé par la mise en scène distrayante de Yann Dacosta – scènes jouées, et projections vidéo – et le jeu de Côme Thieulin qui donne par son apparente fragilité une sensibilité maladroite et sympathique à son personnage.
Le ton est doux, bienveillant. L’existence difficile d’un garçon au sein d’un collège conformiste bien rendue. On s’attache à la lente découverte des émois de Vincent, d’autant que l’on comprend bien avant lui ce qui le trouble. Et c’est sur ce suspens malicieux que l’on avance pas à pas, avec lui, vers la révélation.
C’est dans un esprit éducatif que ce spectacle semble monté. Et dans ce cadre-là, il est parfaitement efficace, apportant cette histoire de tolérance de manière très distrayante et amusée.
Bruno Fougniès
Qui suis-je ?
De Thomas Gornet
Metteur en scène : Yann Dacosta
Dessinateur : Hugues Barthe
Scénographe : Grégoire Faucheux
Lumières : Éric Guilbaud
Avec : Théo Costa-Marini, Côme Thieulin, Manon Thorel
Mis en ligne le 16 juillet 2018