J’ENTRERAI DANS TON SILENCE

Théâtre du Balcon
38, rue Guillauem Puy
84000 AVIGNON
04 90 85 00 80

17h20

J’entrerai dans ton silence loupe 

« J’écoute, donc tu es ! »

« Je parle uniquement aux personnes que j’aime, jamais aux autres. À l’école, au CP, je suis muet. Pourtant, maman fait tout pour que ça change. Moi aussi, je sens bien que le changement doit arriver. Hugo l’a bien compris. Après avoir décapité Julien, j’ai nommé Hugo roi de mon corps et de mon esprit. Empereur suprême de mon royaume. Je dois créer un personnage suffisamment fort et puissant pour tenir tête et piétiner le cadavre de Julien qui ne cesse de me hanter. Je dois broyer les vestiges et les ruines de cet ancien monde dont les fondations me résistent encore. Il me faut porter une armure, être aussi dangereux et féroce qu’un dragon, majestueux comme un lion. Seule la rage de vaincre pourra m’éviter de sombrer. Je suis obligé d’accepter ce monde qui n’est pas le mien. Je n’ai pas le choix, sinon Hugo finira aussi dans la terre noire. Il faut que j’ouvre la bouche. Je dois parler. »

Extrait de L’empereur, c’est moi, d’Hugo Horiot, Éd. L’Iconoclaste.

On y voit là l’essence même du spectacle  donné  au Théâtre du Balcon au cours du Festival Off, cuvée 2018. Le fruit d’une rencontre entre l’auteur, Hugo Horiot et le clairvoyant Serge Barbuscia.

Une mise en scène sobre et efficace, sans artifice dans les feux du dialogue, construite sur des mouvements subtils d’acteurs évoluant savamment autour de constructions fixes « monolithiques » qui rappellent Stonehenge, du moins dans son esprit druidique. Tout un symbole ! Et c’est terriblement efficace.

On y retrouve l’excellente Camille Carraz, lumineuse tragédienne, ainsi que Fabrice Lebert dans des rôles difficiles à porter dont ils  savent, avec Serge Barbuscia, déjouer tous les pièges.

Une sacrée gageure quand on comprend la qualité du texte – sans concession aucune – qui nous est proposé tout tourné vers l’autisme, dont le mot ne sera jamais prononcé.

Le public a longuement applaudi, à juste titre.

À coup sûr, un succès annoncé à Avignon cet été.

PierPatrick

 

Un deuxième "Regarts"

 

J'entrerai dans ton silence..Pour te trouver

Quel très beau titre pour aborder le problème de l'autisme. Serge Barbuchia aime prendre des risques et là il en a pris un gros...

Il met en scène le livre de Françoise Lefèvre qui relate la vie de son fils autiste Hugo Horiot.

Il a donné le rôle de la mère à cette comédienne, Camille Caraz, qui a joué dans « Pompiers » le rôle de la fille un peu niaise. C'est pourtant à mille lieues. Elle est la mère écrivaine qui ne vit que pour son enfant. Elle est généreuse, charitable, parfois débordée mais toujours fonceuse.

Elle va entrer dans son univers et affronter le monde et ses chausses trappes.

Fabrice Lebert est l'enfant puis l'adolescent… le fils reclus dans son mal. Pour lui tout est tuyau, boyau, il veut retourner dans l'utérus de sa mère mais il comprend que ce n’est pas possible car trop douloureux, même s'il arrête de manger.

Autour s'organise la discussion avec en point d'orgue l'autisme. Sujet intéressant dont on n'a malheureusement pas touché le fond encore. On a voulu laisser de côté, soigner etc et en fait on n'a pas abouti à quoi que ce soit. Là un livre vient délivrer son message mais est-il universel ??

Le rôle de Serge Barbuscia en narrateur est magnifique, plein d’empathie, d'explications. Un monsieur loyal dans le cirque de nos pensées.

La scénographie de Serge est curieuse, elle évoque par sa forme Stonehenge, le site mégalithique centre d'une cosmogonie, de forces surnaturelles. Elle l'évoque par sa forme et son écho, sa résonance. On a une piste pour nous signaler qu'ici nous sommes dans un univers particulier qui est le domaine de l'esprit.

 Au centre un lit blanc incliné sorte de sépulture, de catafalque, de gisant. La vision en plan incliné concourt à sa réalisation. Il est le centre, le point de départ.

On est bien dans ce monde du spirituel, comment sinon atteindre l'inatteignable, l'esprit de cet enfant dont on n 'arrive pas à percer les mécanismes...

Serge Barbuscia signe ici une pièce difficile et belle.

Jean Michel Gautier

 

J’entrerai dans ton silence

Auteurs : Hugo Horiot et Françoise Lefèvre
Metteur en scène et adaptation de Serge Barbuscia
Composition Sonore et Musicale Eric Craviatto

Avec Camille Carraz, Fabrice Lebert et Serge Barbuscia

Création lumière Sébastien Lebert
Assistante Anna Massonnet

 

Version imprimable (PDF)

 

Mis en ligne le 12 juillet 2018