L’ÉTRANGE DESTIN DE M. ET MME WALLACE
THÉÂTRE DU GIRASOLE
24 bis, rue Guillaume Puy
84000 - Avignon
à 18h35
relâche le 30
CHronique de PierPatrick
Une bien belle création au Festival Off d’Avignon cette année. Une pépite, devrais-je dire.
Le propos d’abord. Imaginez un couple sans histoire, sans enfant, marié depuis une quarantaine d’année. Sauf que… lui est un membre important du Klu Klux Klan. Vous avez compris, l’histoire se passe de nos jours aux USA, en Alabama.
L’arrivée inopportune d’un bébé noir déposé dans la poubelle familiale va provoquer drame et bouleversements jusqu’à la tragédie.
Marion Bierry signe là une belle mise en scène dans la tradition du théâtre de boulevard.
Quant aux deux principaux protagonistes, Marianne EPIN et Bernard Menez, ils assènent leur talent sans excès mais avec justesse, gravité.
Un rôle difficile tant le message est lourd à porter. Du rejet de l’autre au réveil de la conscience, avec ce qu’il faut de courage pour remettre en question ses propres choix, ceux de Mr. Wallace, les préjugés qui l’ont accompagné tout au long de son existence, bien ancrés encore dans l’Amérique d’aujourd’hui.
Un troisième larron accompagne le couple. Vincent Kapps excellent comme à son ordinaire.
(On le retrouve dans Ruy Blas à l’Espace Roseau Teinturiers)
N’hésitez pas à réserver vos places.
Chronique de Jean Michel Gautier
L'étrange destin de monsieur et madame Wallace.
Lorsque l'enfant paraît.
Pour un destin étrange il faut bien avouer qu'ils ont eu un sacré destin.
Imaginez, nous nous trouvons dans le sud des Etats Unis, une terre où fleurissent encore bien des racistes même si Obama a été élu président, la terre bénie des xénophobes en tout genre.
Donc dans une petite ville tenue pas les membres du Ku Klux Klan, vit justement un couple d'un certain âge, sans enfants. Un soir elle découvre dans sa poubelle un bébé, c'est une fille, mais elle est noire.
Ses rêves de maternité lui sautent au visage, elle est transportée, heureuse, et désireuse de garder cette enfant coûte que coûte. Lui, ancré dans son mouvement dont il est le chef local, rejette ce bébé, d'entrée, on ne pouvait imaginer autre chose. Mais c'est ne pas prendre en compte le désir de maternité, un désir non abouti. Elle va se battre pour garder ce bébé et lui peu à peu va se laisser convaincre, il veut tourner une page, reprendre une autre vie..
Une histoire qui pourrait être banale mais ne l'est point, car tout n'est pas dit
Bernard Menez y trouve une composition qui lui va comme un gant... de boxe, il est parfait en minable petit chefaillon. Marianne Epin est une épouse tonique et bien dans ses baskets... de tennis, elle arrive à ses fins avec intelligence.
C'est assez sportif comme pièce, pleine de hauts et de bas, de pas de côté et d'avancées. Du théâtre vivant ....
Le décor est vieillot, années cinquante sans goût et au mur trône une peinture représentant un portrait d'Hitler et de Mussolini... il est clair que tout cela est là pour nous situer le couple. Lui et son clan, elle dont on apprend que c'est une ancienne prostituée qui n'est pas tombée amoureuse de cet olibrius mais qui est là comme elle pourrait être ailleurs. Des gens peu intéressants en fait, mais la magie de l'enfant opère, ce petit bout de chair humaine les humanise, les fait changer.. ils deviennent autre. La vie n'est pas inscrite de manière indélébile, les choses changent les êtres aussi.
Une belle histoire dont la mise en scène est très tonique, le jeu des comédiens est parfait.. À voir.
Jean Michel Gautier
L’étrange destin de M. et Mme Wallace
de Jean Louis Bourdon
mise en scène Marion Bierry
avec Bernard Menez, Marianne Epin et Gilles Vincent Kapps qui signe les musiques originales
Mis en ligne le 17 juillet 2017