SARAH ET LE CRI DE LA LANGOUSTE
Théâtre Littéraire « Le Verbe Fou »
95 rue des infirmières
8400 – Avignon
04 90 85 29 90
Jusqu’au 30 juillet
16 h 30
Dans une adaptation de Georges Wilson, cette pièce fut créée en 1992 à Paris. Aujourd’hui, au festival d’Avignon nous la revisitons avec bonheur grâce à la complicité d’un duo de choc, Marthe Vandenberghe alias Sarah Bernhardt et Patrick Séminor dans le rôle de Georges Pitou, son secrétaire. Tous deux déroulent devant nous les cinquante années d’une vie tumultueuse, mais oh combien exaltante, de la célèbre tragédienne de la fin du XIX ème et du début du XX ème siècle.
C’est dans sa villa de Belle-Ile-en-Mer où elle a souvent séjourné, que « la Divine » se souvient….. au crépuscule de sa vie. Elle avait été amputée de sa jambe droite en 1915, vers l’âge de 70 ans, à la suite d’un problème de santé récidivant et pourtant elle n’a eu de cesse de jouer, jouer encore et encore. Cependant dans cette obsession de la mort, dans cette éternelle envie de rester le monstre sacré international qu’elle a été, brûlant toujours du désir de jouer et d’être admirée, elle tente de dicter ses mémoires en mettant à contribution Pitou, son fidèle secrétaire, son confident.
Alors, la comédienne Marthe Vandenberghe, évoluant avec charme et efficacité dans tous les registres, entre dans les dédales d’un passé glorieux fait de réglements de compte et de personnages multiples. Ce sont tour à tour des rôles interprétés avec une évidente maestria par le comédien Patrick Séminor qui nous offre un vibrant tableau des personnages de l’époque qui gravitaient autour de Sarah: une mère, un impresario, un mari, un amant, un médecin, des amis dont le plus précieux, le célèbre auteur britannique Oscar Wilde.
Dans un échange de propos touchants, drôles, ironiques et tranchants, les deux comédiens talentueux et merveilleusement complices nous régalent. Pitou par-ci, Pitou par-là ! Un Pitou certes récalcitrant, mais qui assume avec affection tous les rôles que lui impose La Grande Sarah ! Passionnée et passionnante !
Le texte de John Murrell se révèle également sarcastique lorsque, dans une envolée quasi lyrique, Sarah évoque sa mère dont elle ne se sentit jamais aimée: « On voit que vous n’avez pas connu ma mère !... ». Subtilement nuancée, on assiste à une joute jubilatoire entre deux interprètes dont on n’a pas fini de parler.
De la belle ouvrage sur quelques délicieux extraits musicaux « Parade pour Orchestre » et « La Belle Excentrique » d’Erik Satie ainsi que « Thaïs » de Massenet (bande son de Philippe Monpert).
La sobriété de la mise en scène par Marthe Vandenberghe met en valeur les décors et les costumes de « Grain d’sel », reflets d’une belle époque révolue. Un moment de théâtre de qualité à la hauteur d’une œuvre, quasi mythique, d’un auteur américain amoureux d’une Diva immortelle.
À ne pas rater !
Lydie-Léa Chaize
Sarah et Le Cri de La Langouste
de John Murrell
Avec Marthe Vandenberghe, Patrick Seminor ou Jean-Christophe Armand
Metteur en scène : Marthe Vandenberghe
Costumier décorateur : Graind'Sel Arles
Bande son : Philippe Monpert
N.B. Le rôle de Pitou est interprété en alternance avec Patrick Séminor et Jean-Christophe Armand qui nous avait séduits l’an passé dans « Sarah » d’après une adaptation de Éric-Emmanuel Schmitt.
Mis en ligne le 17 juillet 2016