FUKUSHIMA, TERRE DES CERISIERS
Présence Pasteur
13, rue du Pont Trouca
84000 Avignon
04 32 74 18 54
Jusqu’au 30 juillet
à 14h00
Parmi les innombrables aberrations de la haute technologie, du capitalisme, de l’expansionnisme économique et du mensonge d’état planétaire, la catastrophe de Fukushima est, après celle de Tchernobyl, un modèle à glacer les sangs.
Dans un des pays les plus soumis aux secousses telluriques, plus de cinquante centrales nucléaires ont été construite depuis quelques décennies. Avec l’assurance pleine et entière de scientifiques patentés par les gouvernements, les entreprises financières et les industries de l’énergie nucléaire qu’il n’y a aucun risque, que tout est « safe », sous contrôle. Ils ont promis : « Juré craché, si je mens je vais en enfer ! » mais ce sont des dizaines de milliers de personnes qu’ils ont envoyé en enfer, et des zones interdites, et des pollutions marines encore inconnues aujourd’hui.
Voilà le vaste sujet abordé par ce spectacle, Fukushima, Terre Des Cerisiers. Spectacle salutaire car il est bon de réveiller les consciences de citoyens qui semblent de plus en plus capable d’avaler tout sans rouspéter mais spectacle aussi qui est loin d’une simple dénonciation de l’incurie et de la noire hypocrisie des gens qui nous gouvernent.
Brigitte Mounier, qui a mis en scène et qui interprète, le spectacle ne cherche pas à faire du théâtre documentaire. Au contraire, elle tente de mettre en perspective cette catastrophe avec la culture japonaise, celle qui donne une très grande importance et qui a un très grand respect pour la nature, les rythmes des saisons, cette culture ancestrale qu’on imagine en accord avec les éléments naturels. Et c’est là une des forces de ce spectacle. Elle parvient à rendre compte de l’amplification de ce drame pour des japonais aux liens si forts avec les forces de cette nature avec laquelle ils sont en corps à corps depuis des millénaires.
Tout en évoluant dans une gestuelle inspirée de celle très cérémonieuse de la culture japonaise, elle raconte. Sans cesse chorégraphiée, sans cesse en mouvement, elle tente de rendre physiquement perceptible tout le déroulement du tremblement de terre : grondements, verres et tasses qui tremblent, murs qui frémissent et bibliothèque entière qui finit par pleuvoir, tout la littérature au sol, en vrac… toute la mise en scène cherche à rendre perceptible l’égarement de plus en plus grand dans lequel va survivre la population.
Toute la construction du spectacle est inscrite dans la scénographie du plateau. Elle suit le déroulement du drame. Trois temps. Temps un : le tremblement de terre, 9 sur l’échelle de Richter, un pas avant la fin du monde. Dans les jours qui suivent, plus de cinquante répliques d’amplitudes minimales 5, ce qui n’a pas encore pu s’écrouler s’écroulera. Temps deux le Tsunami (avant ce 11 mars 2011, nous parlions de raz-de-marée) : une vague allant jusqu’à 30 mètres de haut. Troisième temps : la centrale nucléaire, construite un peu trop près du niveau de la mer par économie, explose.
Pour rendre compte de ces trois temps, Brigitte Mounier évolue devant trois panneaux significatifs : Une vue d’un champ de cerisier en fleurs, un aquarium géant où son corps semble se noyer parmi les décombres d’après la vague, la cloison coulissante d’une maison japonaise traditionnelle.
Michael Ferrier, auteur du texte dont est inspiré le spectacle, enseigne à Tokyo. Après la catastrophe, il a ressenti la nécessité de se rendre à Fukushima après le drame pour y recueillir descriptions et témoignages. C’est un texte écrit dans un verbe riche, poétique mais aussi fourmillant d’informations réelles, de descriptions, d’analyses et de questionnements.
Bruno Fougniès
Fukushima, Terre des cerisiers
Texte d’après « Fukushima, récit d’un désastre » de Michaël Ferrier publié aux Editions Gallimard
Mise en scène Brigitte Mounier
Chorégraphie Antonia Vitti
Création Lumière, Construction Nicolas Bignan
Peinture Karine Bracq
Costume réalisé par Camille Bigo conception originale de Dimitri La Sad
Avec Brigitte Mounier
Mis en ligne le 25 juillet 2016