Teruel.  Sous ce titre qui veut dire taureau en arabe, le Compagnie Interface (Shabbath, L'oubli des anges) nous offre, sous la symbolique de la corrida, un spectacle d'une poésie barbare et d'un esthétisme soigné, où danse, musique, théâtre et vidéo s'entremêlent sous des jeux de lumière très travaillés, pour mieux  nous fasciner, nous émouvoir, nous bouleverser.

Dans l'arène que devient le plateau où le sable se répand, deux danseuses magnifiques,  Géraldine Lonfat, Virginie Quigneaux, représentent tour à tour le taureau et le matador, l'homme et la  femme, la victime et le bourreau, la  vie et la mort, sous une musique très théâtralisée, atmosphérique et lancinante d'André Pignat.

Affrontements, frôlements, esquives et  effleurements se succèdent sans relâche, dans des mouvements d'une précision extrême, empreints de violence  et de sensualité.

Et soudain, apparait Thomas Laubacher, pour délivrer  en boucles le long poème de Pierre Imhasly, tiré de son roman fleuve Rhône saga qui devient lui aussi musique dans un cri qui va crescendo jusqu'à ce que le silence règne, troublé peu à peu par des halètements rythmés.

On entre dans cette ronde infernale, dans ce combat sans merci, comme un taureau qui pénètre aveuglé dans l'arène, face au torero, tous deux seuls au milieu de centaines de personnes, comme on l'est chacun dans la foule du public. Seul comme l'est aussi l'écrivain devant sa feuille blanche.

« Et sous le ciel, le sang né de la terre retourne à la terre. »

Nicole Bourbon

 

Teruel
De: Pierre Imhasly 
Compositeur : André Pignat 

Avec : Géraldine Lonfat, Virginie Quigneaux, Thomas Laubacher 
Chorégraphe : Géraldine Lonfat et Stéphanie Boll
Scénographe : Patrick Jacquérioz 
Vidéo : David Gaudin 
Costumes : Gerda Pignat