On a un peu oublié un siècle plus tard que nombre  de soldats revinrent de la guerre de 14 défigurés, visage arraché, et qu'on les surnommait « Les gueules cassées ».

En cette année du centenaire de la Grande Guerre, après Le peuple de la nuit, l'auteur Aïda Asgharzadeh s'empare du sujet avec toujours en toile de fond un théâtre salvateur.

Avec un accompagnement musical signé Stéphane Corbin, dans un décor de tulles blancs bordés de sang qui délimitent les différents lieux où se déroulent les scènes décalées dans le temps ou simultanées, nous suivons le parcours  d'Eugène, jeune soldat amoureux de Blanche, une comédienne, des rues de Paris à la scène du théâtre aux armées en passant par les tranchées et un hôpital militaire.

Eugène à qui la vie semblait sourire se retrouve « gueule cassée », un être dans lequel il ne peut se reconnaître, s'accepter. S'accepter soi-même et accepter le regard des autres.

Tant l'apparence physique et principalement le visage participe de l'identité même de l'individu.

Eugène sera sauvé par le théâtre, grâce à  Sarah Bernhardt qui lui offrira de jouer pour le théâtre aux Armées.

Et pas n'importe quel rôle. Celui de Cyrano, l'homme au nez trop grand. Qu'interprétera un homme qui n'a plus de nez. Un masque remplaçant l'autre.

« Nous sommes des vibrants, Eugène. Des vibrants ! Notre vraie vie, à nous, elle est là-bas, pas ici. Là-bas, dans le foyer incandescent de toutes les passions vécues ou rêvées. » (Sarah Bernhardt).

Nicole Bourbon

 

Les vibrants

De Aïda Asgharzadeh
Mise en scène : Quentin Defalt 

Avec : Aïda Asgharzadeh, Benjamin Brenière, Matthieu Hornuss, Amélie Manet 

Collaboration artistique : Damir Žiško 
Lumières : Manuel Desfeux 
Scénographie : Natacha Le Guen 
Costumes : Marion Rebmann 
Musique : Stéphane Corbin 
Création sonore et régie : Ludovic Champagne 
Masques : Chloé Cassagnes 
Maquilages : Alice Faure