21h00. Le spectacle vient de se terminer. Le public bondit sur ses pieds, entame une salve d'applaudissements qui longtemps va s'inscrire dans la durée. Pourtant il s'agit d'une petite salle de 49 places qui accueille cette année entre autres un hommage appuyé à Aimé Fernand David Césaire.

90 minutes plus tôt. Lumières éteintes, un homme, immobile, au fond que l'on devine. La parole en surgit, grave, puissante et rapidement les mots dansent dans la bouche du comédien, les lumières du plateau accompagnent délicatement les phases de son monologue puissant, l'homme approche nos visages et nos consciences avec une gueule saisissante, tantôt masque, tantôt fleuve et le ballet de la poésie enfle les veines de notre cœur… Le spectateur est littéralement envouté, hypnotisé, conquis…

Aimé Césaire qui posait là la première pierre de son œuvre fondatrice libère dans ce texte fondamental une thérapie adaptée aux noirceurs de mon âme. Celle de l'affirmation de la dignité de l'homme et de la culture.

Joel Lokossou, originaire du  Bénin, porte le long poème énorme avec énormité, il vocifère,  bondit, entre en avidité, en transe, en danse, dénudant une partie de son corps au propre comme au figuré, interpellant le spectateur, l'histoire, l'esclave et l'esclavagiste, le tout sans artifice.

On sort de là avec un coup de poing dans le ventre.

Merci Monsieur Césaire, merci Monsieur Lokossou.

PierPatrick

 

Cahier d'un retour au pays natal

D'après Aimé Césaire
Mise en scène : Renaud Lescuyer
Compositeur : Stéphane Lam
Scénographe : Mathilde Furbacco
Création lumière : Jérôme Allaire
Diffusion : François Nouel

Avec : Joël Lokossou

Compagnie Persona