Tout est dans le titre : ce n'est pas l'Antigone de Sophocle ou celle d'Anouilh qui nous est ici donnée à voir mais celle fabriquée par Créon.

Un jeu subtil qui met en avant la manipulation politique et où le rapport entre un être lambda et son roi se double de celui qui peut s'instaurer entre une comédienne et son metteur en scène.

 Presque pas de décor, costumes et maquillages gothiques noirs et blancs avec, seule note de couleur, un tissu de velours rouge, lumières travaillées avec une extrême précision et une grande recherche, l'ensemble est saisissant.

Marie Broche est émouvante, passionnée et convaincante de bout en bout, de la jeune fille légère, innocente et apeurée du début jusqu'à ce que peu à peu elle devienne Antigone, celle qui choisit sa mort au lieu de la subir.

Mathieu Barbier campe un Créon tyrannique, sans pitié, d'une brutalité accentuée par sa voix grave et puissante.

Pour lui, le monde se partage entre rois et non rois. Pour elle, entre ceux qui ont peur de la mort et ceux qu'elle n'effraie pas.

Nous sommes complètement captivés par cet affrontement qui ne nous laisse aucun répit jusqu'à la fin qui nous laisse un goût amer : Antigone une fois encore aura perdu, Créon a réussi à la priver de sa mort.

Nicole Bourbon

 

L'Antigone de Créon

Mise en Scène : Marie-Françoise et Jean-Claude Broche 

Avec : Marie Broche, Mathieu Barbier