Se dire que l'on a rendez-vous sur une scène de théâtre avec Laurel et Hardy est assez excitant, j'ai tellement d'images en tête de ce célèbre duo avec leurs facéties un peu gauches que j'avais un peu peur de tomber face à des caricatures approximatives. Surprise lorsque le rideau s'ouvre, je me retrouve face à un décor extrêmement soigné de chambre d'hôtel des années 50, un décor digne des grosses productions pour les théâtres parisiens. Incroyable lorsque l'on sait qu'au festival c'est souvent dans un décorum minimum que l'on voit évoluer les comédiens.

Arrive alors Oliver Hardy suivi de près par Stan Laurel et là le choc, j'ai l'impression qu'ils sont là en chair et en os tant la ressemblance est frappante aussi bien par l'aspect physique que par l'accent inimitable que l'on connaît si bien. Il faut dire qu'Hardy est interprété par Joe Sheridan d'origine écossaise et que Ken Starcevic, comédien américain a pris les traits de Laurel et que chacun parle français avec cet accent anglo-saxon qui donne une véracité charmante à leur rôle.

Mais que font-ils dans ce palace parisien ? Le duo mythique s'apprête à tourner en France ce qui sera leur dernier film après quelques années d'insuccès et jusqu'ici l'histoire est vraie. Sauf que Laurel ne veut plus tourner se sentant comme un vieil enfant ridicule sans plus grand talent. De disputes bon enfant à querelles complices entre ces deux inséparables amis, arrive une jeune femme qui n'est autre que la future reine d'Angleterre Elizabeth II interprétée par une comédienne anglaise beaucoup plus charmante que devait être la queen à son âge et qui avant de coiffer la couronne et de tenir son rôle austère de reine veut se remplir le cœur et l'esprit de rires avec ces deux bouffons qu'elle a tant admiré durant sa jeunesse.

Elle vient d'avoir Charles. Elle ne se sent aucune envie et n'est pas prête à tenir ce rôle. Elle abdiquera dès que Charles sera en mesure de tenir cette charge. C'est donc ce tête à tête entre deux comiques vieillissants et une future monarque qui est l'intrigue de cette pièce.

Tout cela est bien fait, c'est propre, élégant, très anglais mais il ne se passe pas grand-chose à part cette discusion de salon très raisonnable où chacun y va de son conseil à la future reine et à part quelques échanges chorégraphiés de leurs inséparables chapeaux melons, elle repartira comme elle est venue dans son costume d'aviateur rejoindre son destin. En 2014, après 62 ans de règne, la reine Elizabeth II d'Angleterre n'a toujours pas abdiqué...

Patrick Rouet

 

Les Joyeux de la Couronne

Auteurs : Alain Riou et Stéphane Boulan
Mise en scène : Luc Béraud.

Avec : Joe Sheridan – Ken Starcevic – Harriet Collings.

Chorégraphie: Sophie Mayer.
Décor: Valérie Grall.
Costumes : Pascaline Suty.
Lumière : Pascal Sautelet.