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Gatsby le Magnifique, œuvre majeure de Scott Fitzgerald représente parfaitement ce que fut sa courte vie, faite d'insouciance, de fêtes, d'alcool, d'excès en tous genres. L'amour pourtant, lui chatouilla le cœur un jour… Lui, l'écrivain, chef de file de la génération perdue, le prince blessé tombe amoureux de Zelda Sayre. Elle deviendra sa muse, son égérie, son inspiration, sa perte. Ils formèrent un des couples les plus sulfureux et exentriques de l'Amérique des années folles, brûlant par les deux bouts la vie qu'ils abordaient comme un jeu.

La première partie se déroule à New-York dans leur intimité alcoolisée ; Sara Giraudeau interprète cette Zelda exigeante, fantasque, capricieuse et se pare d'une sensualité sans pudeur auprès de son écrivain de mari qui dit avoir épousé l'héroïne de ses romans. Elle y excelle avec volupté, aidée par une mise en scène sans fausse note de l'auteur et des costumes parfaitement choisis pour leurs jeux dangereux. Julien Boisselier que j'ai trouvé remarquable endosse avec un talent fou, ce dandy perdu, torturé, alcoolique, amoureux et jaloux excessif. Entre deux gueules de bois il va rencontrer et aider un autre immense romancier : Ernest Hemingway campé avec justesse par Jean-Paul Bordes. Le Manhattan Jazz Band en live sur scène y ajoute la note jazzy des années 20.

On retrouve plus tard le couple en perdition sur la côte d'Azur avec la trahison de sa muse et sa liaison non cachée avec un aviateur français, le manque d'inspiration qui se fait sentir, le gin  qui leur coule dans les veines, la violence non maitrisée de la jalousie de Scott, la folie qui guette Zelda et la très belle scène entre Ernest Hemingway et un Fitzgerald suppliant, presque pathétique glissant irrémédiablement vers sa fin.

Le travail est admirable, le texte soigné, l'interprétation parfaite mais la première partie reste longue et il ne se passe pas grand-chose dans ce face à face érotico-alcoolisé. La seconde séquence donne un autre sens, une autre peinture de ce couple fantasque qui se sont aimer plus que de raison jusqu'à se perdre... mais c'était la règle de leur jeu.

Patrick Rouet

 

Zelda et Scott

de Renaud Meyer

Avec : Sara Giraudeau, Julien Boisselier, Jean-Paul Bordes et le Manhattan Jazz Band, Xavier Bornens (Trompette), François Fuchs (Contrebasse), Aidje Tafial (Batterie) 

Mise en scène : Renaud Meyer
Décor Jean-Marc Sthehle assisté de Catherine RanklL
Costumes Dominique Borg
Chorégraphie Lionel Hoche
Lumières Hervé Gary