VICTOR

Théâtre Hébertot
78bis boulevard des Batignolles
75017 Paris 
01 43 87 23 23

Jusqu’au 31 octobre
du mardi au samedi à 21h00
dimanche 17h00

 

Victor loupePhoto Lot

Voilà une pièce écrite à l’époque et qui sent bon le film noir français des années 50.

Nous sommes dans l’après-guerre, un homme, Victor, sort de prison. Il y a été incarcéré quelques mois pour des malversations financières, une faute dont il est innocent. Il vient de purger sa peine à la place d’un autre, Marc, un ami, son ancien chef d’escadrille pendant la guerre. 

Mais l’histoire se complique lorsqu’on apprend qu’en réalité, ce n’est pas par amitié qu’il a endossé ce délit mais par amour pour la femme de cet ami. Un amour que celle-ci lui rend puisqu’elle vient le retrouver devant la porte de la prison.

Ainsi commence la trame d’Henri Bernstein, auteur un peu oublié aujourd’hui mais dont les pièces ont été des succès dans la première moitié du XXème siècle. La suite de l’histoire raconte les péripéties de ce ménage à trois dans l’atmosphère terriblement fiévreuse de l’après-guerre et les reconversions délicates de ces héros nés dans le combat, obligé de s’adapter à la paix.

Ce parcours amoureux a lieu dans le monde de l’argent, l’argent facile d’après-guerre où les projets de reconstruction fleurissent. Marc, l’ancien pilote de guerre, est devenu l’un de ceux-là. Un affairiste obsédé par le luxe, prêt à toutes les manipulations pour vivre dans l’abondance. Un homme à la fois cynique et sûr de lui.

La mise en scène de Rachida Brakni fait évoluer ces personnages dans un décor monumental. Elle prend l’histoire de Bernstein à la lettre, en nous renvoyant près de soixante-dix ans en arrière. Elle a surtout eu la tâche de donner une harmonie à une distribution faite de personnalités très affirmées.

Grégory Gadebois incarne avec énormément de métier un Victor touchant, tour à tour larmoyant, faible ou passionné. Éric Cantona dans le rôle de Marc impose sa stature athlétique, le verbe haut, le geste large, qui en impose par sa présence, sa puissance. Caroline Silhol, féminine jusqu’au bout des talons, joue les femmes fatales, les femmes bafouées, les femmes énamourées en utilisant toutes les codifications du genre. S’ajoutent à ce trio Marion Malenfant qui apporte avec son personnage de jeune femme libre, une jolie touche de modernisme et de pureté et Serge Biavan, ami sincère rencontré en prison par Victor, qui incarne son personnage avec un réalisme bienfaisant.

Pourtant, l’alchimie entre les cinq comédiens ne se fait qu’à de rares moments. Chacun semble jouer dans son registre, pour lui-même, surtout les trois têtes d’affiche. Grégory Gadebois faisant languir les temps, Caroline Silhol exagérant parfois son jeu, Éric Cantona engoncé dans un rôle de cynique qui contraint sa générosité habituelle. Pourtant l’histoire est belle et originale et on aurait envie d’être emportés sans retenue par ces personnages émouvants.

Bruno Fougniès

 

Victor loupePhoto Lot

Victor

de Henri Bernstein
Mise en scène Rachida Brakni

Avec Caroline Silhol, Eric Cantona, Grégory Gadebois, Serge Biavan et Marion Malenfant

 

Mis en ligne le 2 octobre 2015

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