UN ROSSIGNOL CHANTAIT
Théâtre Le Funambule,
53 rue des Saules
75018 Paris
01 42 23 88 83
Jusqu’au 27 octobre 2019
du mercredi au samedi
(une semaine à 19h, l’autre à 21h : la semaine prochaine à 21h)
Les dimanches à 15h45
Il faut excuser Robert Lamoureux, il était jeune et c'était une de ses premières pièces. L'auteur de « La soupière » de « Diable d'homme » ou de « L'amour-foot » faisait ses gammes. On trouverait, en cherchant bien, un peu de l'influence de Marcel Achard (que Lamoureux a d'ailleurs joué) avec une pièce comme « Turlututu ».
Cette comédie sentimentale flirte avec le fantastique. On l'aurait souhaitée plus dynamique, mieux construite, plus drôle également. L'auteur avouait, à l'époque, être parti d'un sketch de vingt minutes, avoir trouvé ensuite l'idée du rossignol, et avoir peiné à écrire le troisième acte.
Soit, donc, un jeune couple en voiture. Ils sont accompagné d'une vague relation, un médecin. La voiture tombe en panne d'essence en plein milieu d'une forêt de bouleaux. Que faire ? Aller chercher de l'essence, bien sûr, mais c'est à 10km et surtout qui va y aller ? Le mari répugne a laisser sa femme seule avec le médecin. Les deux hommes partent donc ensemble et l'épouse reçoit la visite d'un étrange vagabond, qui prétend vivre dans la forêt. Sur ce, le médecin revient. Quand il embrasse la jeune femme, celle-ci, pourtant consentante, entend un chant de rossignol qui la bloque dans ses élans. Pièce boulevardière, donc, mais pas que, à cause de cette histoire de rossignol qui « indiquerait » à la jeune femme si elle est amoureuse ou non de son partenaire. On touche au merveilleux, on pourrait, du moins, si … enfin, la grâce manque quelque peu. Mais la fin est surprenante.
D'où vient alors (voir plus haut) notre légère réserve : peut-être à la longueur de la pièce, qui aurait pu sans dommage être adaptée et légèrement raccourcie, de façon à éviter les répétitions. Dans la mise en scène de Jean Marais (eh oui !) Lamoureux s'était réservé le rôle du vagabond, un rôle en or que Victor Lelong habite brillamment. Margaux Goyot a toute une palette d'émotions à faire passer (ennui, enthousiasme, regrets, espoirs …) et elle y excelle. En filigrane, transparaît le vrai thème de la pièce, les hésitations du cœur... féminin en l'occurrence, les hommes étant plus stéréotypés. Les autres rôles sont bien servis également et la mise en scène, alerte, fonctionne bien. Le décor est adéquate et la jeunesse des personnages, leur fantaisie, font un cocktail à ne pas dédaigner.
On passe, finalement, une soirée pas déplaisante à l'écoute de ce rossignol qui chante.
Gérard Noël
Un rossignol chantait
de Robert Lamoureux.
Mise en scène : Loïs Argillet.
Scénographie : Hélie Chomiac
Avec : Marceau Gavrel, Margaux Goyot, Victor Lelong, Blaise Le Boulanger, Maxime Monniot
Mis en ligne le 29 septembre 2019