Théâtre Gérard Philipe
59 Boulevard Jules Guesde
93200 Saint-Denis
01 48 13 70 00

Du lundi au samedi à 20h30 et le dimanche à 16h - Relâche le mardi.
Jusqu’au 15 décembre 2015

Ou comment la guerre apparaît comme un refuge pour ceux que le monde laisse au bord du chemin et semble offrir un semblant de sens, d’espoir et d’avenir à des vies désœuvrées qui en manquent cruellement… C’est peu de dire que le récit d’Odön von Horváth, publié en exil en 1938 alors que le fascisme gronde en Europe, résonne de manière étrangement actuelle aujourd’hui à Saint-Denis ! Notre époque est certes moins dramatique qu’elle l’était au temps de l’hitlérisme, mais que cette œuvre soit deux fois montée cette année (voir le travail de Simon Delétang à Lyon) et reprise ici n’est peut-être pas un bon signe des temps qui courent, et des fils barbares qu’ils engendrent.

C’est donc une humanité blessée et au bord du gouffre qui se donne à voir à travers la figure de ce « pauvre chien de chômeur » devenu estropié pour avoir tenté de sauver son camarade. Un homme qui ne parvient pas à trouver l’amour dans les bras de la veuve qu’il est venu consoler, ni ailleurs, et qui finira à la rue.

Texte fort et poignant, Le fils de notre temps n’est cependant pas écrit pour la scène. La mise en scène de Jean Bellorini essaye de compenser son manque de théâtralité par une scénographie inventive, éclatant par exemple le monologue intérieur du narrateur dans le jeu choral quatre très jeunes comédiens, Clément Durand, Gérôme Ferchaud, Antoine Raffalli et Matthieu Tune. De jolies trouvailles visuelles et une vraie sensibilité n’ôtent pas tout à fait le caractère statique de ce qui reste un discours face au public mais lui donnent une dimension fantasmatique étonnante et en adoucissent la violence au point de la rendre presque cotonneuse, à l’image des flocons de neige qui tombent sur le plateau lors de la scène finale. De quoi laisser le spectateur face à son propre désarroi.

Frédéric Manzini

Un fils de notre temps

D’après Odön von Horváth
Traduction : Rémy Lambrechts
Mise en scène : Jean Bellorini assisté de Mélodie-Amy Wallet

Avec : Clément Durand, Gérôme Ferchaud, Antoine Raffalli et Matthieu Tune