UN DIVAN POUR LA SCÈNE

Le Funambule Montmartre
53 Rue Saules
75018 - Paris
01 42 23 88 83

Jusqu’au 29 octobre 2017,
du mercredi au samedi à 19h00 ou 21h00.
Dimanche 19h00

 

Un divan pour la scène loupe 

Sur la scène dépouillée du Funambule, cela commence classiquement : une actrice, Colombe, vient consulter Vincent, un psy. Malgré le titre, ils sont assis tous les deux : l’échange s’amorce, des choses sont dites et puis le psy clôt la séance. À la semaine prochaine.

Jean-Luc Solal, auteur, interprète et metteur en scène est un personnage curieux : autant il peut forcer un peu son jeu dans certaines scènes, autant quand il écoute, qu’il joue son rôle de psy, il est sobre et attentif. Claire Tatin fait exister joliment son personnage de femme qui doute. Puis tout s’agite et rebondit : d’autres personnages interviennent, alors qu’on s’attendait, banalement, à une suite de séances faisant progresser l’analyse. Il y aura cela mais aussi autre chose : voici donc Julia, une ex’ du psy, le superviseur du même psy (excellent José Da Silva) et Erwan, ci-devant metteur en scène, un peu amoureux de Colombe aussi, qui lui fait travailler le rôle d’Elvire dans le don Juan de Molière. La force de la pièce, c’est évidemment de mettre en parallèle deux itinéraires, celui de Colombe et celui de Vincent, qui n’a pas tout résolu personnellement, tant s’en faut.

Et si Vincent, qui redoute les situations où il perd le contrôle et Colombe, qui subit la pression des hommes, sans avoir la force de résister… étaient dans des problématiques proches ? Tout n’est pas drôle, dans cette pièce : il y a même une gravité, non forcée, qui met mieux en valeur les moments de détente, ceux, par exemple, où le psy parle trop vite ou réagit « mal » et en prend soudain conscience. Jean-Luc Solal colle au rôle : on est emporté avec lui dans ses difficultés. On guette ses élans, ses hésitations, sa culpabilité éventuelle. Digne et fragile à la fois, Claire Tatin nous fait suivre à la fois le cheminement de la femme et celui de l’actrice. Belle présence de Grégory Oudet, dans le rôle du metteur en scène, tandis que José da Silva, bonhomme… est la « référence », celui qui sait et conseille. Olga Shuvalova est tout charme et malice, en femme qui ne se résout pas à avoir été quittée.

Le succès de la pièce (lié pour une bonne part au bouche à oreille) est mérité. On ne s’ennuie pas.  On réfléchit au passage sur l’enfance et ses abus, sur l’autonomie et, sans que cela soit insistant, sur la cure analytique telle que la concevait Jung (différemment de Freud, donc). On rit… ou on sourit. On jubile parfois.  Cette heure quarante-cinq de divan est très plaisante. Que dire de plus ?

Gérard Noël

 

Un divan pour la scène

De Jen-Luc Solal.
Mise en scène : Jean-Luc Solal, assisté de Bérengère de Pommerol.
Scénographie : Olivier Prost.
Musique originale : Patrick Rivière.
Costumes : Alexia et Marylin.

Avec : José da Silva, Grégory Ondet, Olga Shuvalova, Jean-Luc Solal, Claire Tatin.

 

Mis en ligne le 3 octobre 2017