« Un deux un deux  n'est pas une pièce sur l'amour. C'est une pièce sur le vrai et le faux, donc sur l'amour. » écrit François Bégaudeau, auteur cette fois-ci du texte. Grâce à son talent multi-facettes (romancier, auteur, scénariste, critique et comédien), il va nous raconter en neuf fragments l'histoire d’amour d'Elle et Lui, couple d'acteurs. On peut déjà dire un texte ciselé, net et précis, où le rythme tient une place importante comme dans toutes bonnes comédies. Si c'était une tragédie, elle aurait pu s'appeler « Avec le temps ».

Mais revenons au début… un plateau dépouillé, parsemé de quelques objets émaillés aux couleurs vives et un grand rectangle blanc qui va délimiter l'aire de jeu, du jeu de l'amour et du hasard, au-delà duquel il n'y a rien...

Ça commence par « on pourrait se voir un jour » premier tableau de cette tranche de vie amoureuse en forme de point de suspension. Autour de huit autres tableaux thématiques, ces deux-là vont jouer, vivre, se jouer, se vivre. Le texte est une sorte de ping-pong qui s'emballe, où la balle des mots revient plus vite qu'elle ne part. C'est joyeux et profond, drôle et pathétique, érotique et philosophique, tout et pas grand chose. C'est en tout cas tellement juste qu'on s’apercevra soi-même au détour de l'une ou l'autre des répliques.

Les deux comédiens sont vifs et alertes, la langue bien déliée et les corps en osmose. La guitare rock vient parfois ponctuer telle ou telle phrase, musicaliser le fil qui relie cette elle et ce lui.

Lors de cette représentation, François Bégaudeau était dans la salle. J'ai trouvé très touchant de le voir sourire et rire à la vue et l'écoute de ses mots. Comme j'ai moi même été happé par cette tranche de vie amoureuse, là où le jeu est encore possible.

Jean-Michel Beugnet

 

 

Un deux un deux

 de François Bégaudeau (en dialogue avec Mélanie Mary)
Mise en scène Mélanie Mary

Avec Mélanie Mary, François Nambot et Alexis Molenat