TROUBLE DANS LA REPRÉSENTATION |
Théâtre De Belleville
Noir. Écran. Ambiance cinéma. Film muet : un couple, l'homme pressant, la femme qui se dérobe. Puis tout disparaît. Quand la lumière revient, les deux comédiens ont quitté l'écran pour le plateau encombré d'objets divers dont on ne saura jamais vraiment à quoi ils sont censés servir : téléphone années 70, chaise en bois, vitres de plexis. On comprend vite que les deux héros ont été projetés dans ce laboratoire pour subir une expérience menée par de soi-disant scientifiques déjantées. Ces dernières sont jouées uniquement en vidéo. Une vidéo omni présente, qui rend le spectacle un peu froid et pétrifie le spectateur qui du coup ne réagit pas trop aux différentes séquences. Si on comprend bien le parti pris par l'auteur de rendre ainsi le côté glacial et impersonnel de l'expérience, j'aurais préféré que ces personnages soient joués sur scène, on vient voir du spectacle vivant pas un écran ! But de l'expérience : décortiquer les rapports homme-femme en en démontant tous les clichés. Pour pouvoir réintégrer leur pellicule, l'acteur et l'actrice doivent lire des textes numérotés de 1 à 8, signés entre autres Élisabeth Badinter, Virginie Despentes, Théroigne de Méricourt, Godard (inévitable scène du Mépris) et même Jean Jacques Rousseau. L'idée est intéressante, les textes bien choisis. Mais l'histoire tourne vite à vide, par son effet répétitif et le manque de mise en scène, les mots qui se déversent trop rapidement sans qu'on ait le temps d'en saisir tout le sel. L'idée est intéressante, dans l'air du temps – voir Modèles au Rond-point – mais l'ensemble demande à être retravaillé pour y insuffler un peu de vie et de drôlerie.
Nicole Bourbon
Trouble dans la représentation Sur une idée et mise en scène Aline César Avec Catherine Rétoré et Malik Faraoun Scénographie Catherine Teilhet
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