L'affiche précise : par l'équipe des « 39 marches ». Et, de fait, on retrouve en tête des artisans du spectacle, Éric Métayer, déjà interprète et metteur en scène de l'autre pièce inspirée du livre de John Buchan (et accessoirement du film d'Hitchcock).

Autant « les 39 marches » étaient bluffants, autant, d'entrée de jeu, celui-ci paraît un peu tape à l'œil, avec des cris et des musiques stridentes : en clair, on nous fait savoir qu'on va avoir peur. Avoir peur et rire. C'est surtout la deuxième partie du programme qui est mise en avant.

Dans cette histoire revisitée de Dracula, on navigue entre un esprit potache (plus conforme à du café-théâtre, disons-le) et une réalisation tout à fait efficace. Les personnages se multiplient, les décors se renouvellent, les astuces de mise en scène sont nombreuses et ingénieuses. C'est cela, principalement, qu'il faut mettre au crédit du spectacle. Le reste, l'histoire, les démêlés d'un jeune clerc de notaire qui va en Transylvanie rencontrer Dracula, qui finit par se faire mordre par lui, par devenir lui-même un vampire… l'intérêt en faiblit rapidement. Vers la fin, on oublie le héros pour suivre (sans déplaisir) ballets, gags, effets sonores et visuels… le tout, encore une fois, de très bonne facture.

Le hic, car il y en a un autre, c'est que tout ceci sent un peu le déjà-vu : on a droit à la parodie de « L'exorciste », à des répliques de « La vie est un long fleuve tranquille ». Un personnage imite le fameux « You fuck my wife ? » de de Niro, quand ce n'est pas, carrément, la scène du miroir de « Soupe aux canards » des Marx Brothers qui est joyeusement reprise. Ou citée, ce qui revient au même.

De même, les auteurs auraient gagné à couper un quart d'heure à leurs délires et la chose, bien dosée et emballée, serait beaucoup mieux passée. On regrette d'autant plus ces réserves que le talent d'Éric Métayer n'est plus à démontrer, pas davantage que celui d'auteur de Gérald Sibleyras. Et les comédiens, en tête desquels brille Andréa Bescond, sont vraiment excellents. Ils sont précis, efficaces, drôles, font preuve d'un bonheur de jouer communicatif. D'ailleurs le public, en majorité, en redemande.

En clair, si vous êtes partants pour une soirée loufoque, qui ne regarde pas au détail pour faire rire, alors vous pouvez prendre le chemin de ce « Train fantôme ».

Gérard Noël

 

 

Train fantôme

Spectacle de Éric Métayer et Gérald Sibleyras.
Mise en scène : Éric Métayer

Avec Jean-Philippe Bêche, André Bescond, Dorel Brouzeng-Lacoustille, Yamin Dib, Christophe Laubion.

Décor : Nils Zachariasen et Nicolas Val.
Lumières : Stéphane Fritsch.
Son : Vincent Lustaud.
Costumes : Fanny Béranger.
Chorégraphie : Andréa Bescond.
Assistante à la mise en scène : Sarah Gellé.