Théâtre Hébertot

78 bis, bd des Batignolles

01 43 87 23 23

Revoici Patrick Chesnais au théâtre Hébertot, où il avait déjà triomphé dans « Cochon d'Inde », la pièce de et avec Sébastien Thiery. Pour « Toutou », mis en scène d'Anne Bourgeois, il est entouré de Josiane Stoléru et de Sam Karmann.

Le sujet de la pièce est simple : la disparition (la perte, la fugue ?) de leur chien adoré sème la consternation chez un couple de bobos quinqua. Anodin en apparence, en tout cas pas tragique, ce départ va cristalliser tous les manques et la frustration du couple. Ils ont un fils, pourtant, mais il est loin. Quand ils parlent, c'est de Toutou, quand ils se retrouvent, c'est près de lui.

Un vieil ami survient, qui leur demande l'hospitalité pour cause de perte de ses clés : au cours de la discussion, il se montre critique vis-à-vis des chiens. Brouille. Revirement alors du mari qui le met à deux doigts de se séparer de son épouse. Le côté obsessionnel de tout ceci parvient, peu à peu à gagner les spectateurs : on assiste, effaré, à ces joutes verbales, ces déchirements, on voit s'écrouler un monde, remonter des souvenirs lointains de voyages humanitaires, à une époque où le mari s'occupait de philosophie et où son épouse arborait un short sexy. C'est le chien, et lui seul, qui est la cause de tout cela, ceci soit dit sans déflorer la fin de la pièce.

Ce thème de l'événement qui déclenche, en chaînes, remises en question, explications, voire règlements de compte n'est pas nouveau : on le trouvait déjà dans « L'inscription », de même que dans « Le prénom », joué en ce moment à Paris avec, notamment, Patrick Bruel. L'originalité, ici, c'est la présence quasi réelle que finit par prendre le chien, et la façon dont les auteurs pressurent ce trio pour en faire jaillir (au prix de quelques exagérations) tout le suc. Tout le désespoir et le burlesque. Et les répliques fusent, certaines excellentes. Citons : « Si le chien est le meilleur ami de l'homme, l'homme n'est pas le meilleur ami du chien !' Ou bien : « Tous les jours des croquettes, c'est pour ça qu'il est parti. Des croquettes et encore des croquettes. C'est comme si nous on ne mangeait que des chips ! »

On aura compris qu'on passe à Hébertot une soirée excellente, surtout grâce aux comédiens : Nous avions commencé par eux, finissons par ces trois-là qui sont l'âme du spectacle : saluons l'énergie de Sam Karmann, les mines tristes de Josiane Stoléru, le côté ronchon et les emportements de Patrick Chesnais qui mettent le public en joie. À juste titre.

Gérard Noël

Toutou

Une comédie d'Agnès et Daniel Besse avec Patrick Chesnais, Josiane Stoleru et Sam Karmann

Mise en scène d'Anne Bourgeois.